Maroc : une chaise rouge pour que la culture retrouve sa place
Le site internet lachaiserouge.ma invite des personnalités à s’exprimer pendant quelques minutes sur la situation culturelle du Maroc. Avec en vue les élections législatives du 25 novembre.
![La culture, un thème de campagne pour les législatives marocaines ? © DR/www.lachaiserouge.ma](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/09/22/023092011111932000000lachaiserouge.jpg)
La culture, un thème de campagne pour les législatives marocaines ? © DR/www.lachaiserouge.ma
Cette année, la culture est bien décidée à s’inviter dans la campagne des législatives au Maroc, prévues le 25 novembre. Parent pauvre de la politique gouvernementale, oubliée des élus locaux, la culture n’intéresse pas la classe politique marocaine. C’est pour cette raison que le directeur de Festimode, Jamal Abdennassar, et le rédacteur en chef d’Atlantic Radio, Amine Boushaba, ont décidé d’interpeller directement les partis en interviewant une centaine d’artistes et d’intellectuels marocains. « Nous avions envie de lancer un débat autour de la place de la culture. Mais plutôt que de faire circuler une énième pétition, nous avons décidé de tourner des vidéos de trois à cinq minutes », explique Boushaba.
La chaise rouge
Seul élément de mise en scène : une chaise rouge, inspirée de l’œuvre d’un designer néerlandais des années 1940 et retravaillée en 2010 par des jeunes des quartiers défavorisés de Casablanca. « Elle a été conçue par des amateurs pleins de créativité, et elle est branlante, comme la culture au Maroc. Quant au rouge, c’est pour rappeler que nous sommes dans l’urgence ! », ajoute le journaliste. Enthousiasmés par l’initiative, plus d’une centaine d’agitateurs culturels ont répondu présent. Parmi eux, l’écrivain Abdellah Taïa, le cinéaste Noureddine Lakhmari, le dramaturge Driss Ksikes, la directrice du Festival d’Essaouira, Neila Tazi…
« Les intervenants ont eu carte blanche. Seul impératif : avoir un discours constructif et ne pas se contenter de dénigrer », conclut Boushaba. Les vidéos seront publiées sur un site où les internautes pourront eux aussi faire des propositions. Un court-métrage de quinze minutes compilera les meilleures interventions et sera envoyé prochainement à tous les partis politiques.
Ramener le livre dans les foyers
À l’heure des révolutions arabes, ces vidéos rappellent qu’investir dans la culture est indispensable pour assurer l’avenir du Maroc. Créatrice d’emplois, vecteur de développement, une culture vivante reste le meilleur moyen de forger des esprits libres et citoyens. Pour Abdellah Taïa, l’urgence est de ramener le livre dans les foyers marocains. « Quand on veut publier un livre, il faut demander des aides à l’ambassade de France. Ça m’a toujours choqué ! Mais que fait le gouvernement, que fait le Makhzen ? » s’insurge le romancier. Pour Moulim Laaroussi, universitaire et critique d’art, il faut changer les mentalités.
« Un jour, un ministre de l’Agriculture s’adressait à un ministre de la Culture en affirmant que l’urgence était de faire bouffer les gens, pas de les distraire. On ne peut pas faire évoluer une société quand on ne pense qu’à nourrir les gens comme des animaux. »
Certaines propositions sont même radicales. « Divisons par deux le budget du ministère de l’Intérieur et donnons-le à la création, à l’organisation de débats, sans droit de regard de l’État, parce que la culture et l’art, c’est d’abord la liberté ! » ose Driss Ksikes. Face à une culture du divertissement, incarnée par des festivals richement dotés comme Mawazine ou le festival de cinéma de Marrakech, les intervenants défendent le droit à une culture d’avant-garde, originale et accessible à tous. Pour cela, une des solutions envisagées serait de décentraliser la politique culturelle et donner des subventions au niveau local.
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