Cameroun : la tension monte enfin à Lom Pangar
Le projet de grand barrage réservoir sur le Sanaga, dans l’Est du Cameroun, sort enfin des cartons, pour une mise en service prévue au plus tard en janvier 2015.
Le Cameroun au banc d’essai
Après plus d’un an d’attente, le gouvernement camerounais et le maître d’ouvrage, Electricity Development Corporation (EDC), ont enfin signé, le 12 août, le contrat de construction du barrage réservoir de Lom Pangar (Est), avec le partenaire retenu : China International Water & Electric Corporation (CWE), qui avait réalisé le barrage de Lagdo (Nord) dans les années 1970 et 1980. Le bureau d’études français Coyne et Bellier, spécialisé dans l’ingénierie conseil, est chargé de superviser la réalisation du projet selon les termes d’un contrat signé le 15 février dernier.
CWE dispose d’un délai de trente-huit mois à compter du début du chantier – prévu en novembre – pour livrer l’ouvrage, dont le coût est évalué à près de 75 milliards de F CFA (plus de 114 millions d’euros). L’entrée en service est prévue entre juillet 2014 et janvier 2015.
Le barrage de Lom Pangar permettra de réguler les courants saisonniers du fleuve Sanaga en portant son débit moyen garanti de 720 m3/s à 1 040 m3/s et la puissance garantie des barrages de Song Loulou et d’Édéa de 450 à 618 mégawatts. Une petite centrale hydroélectrique de pied, d’une capacité de 30 MW, sera annexée au barrage ; elle permettra de produire un supplément d’électricité (principalement pour alimenter la région de l’Est) pendant la période d’étiage de la Sanaga, qui accentue le déficit énergétique du pays. Une ligne de transport de 90 kilovolts, longue d’environ 120 km, reliera le complexe à la ville de Bertoua.
Les obstacles
Le réservoir, d’une superficie de 540 km2 et d’un volume de 7 milliards de m3 d’eau, permettra en outre de ravitailler en eau les barrages du bassin du fleuve Sanaga, situés en aval, et de construire la centrale hydroélectrique de Nachtigal à Batchenga, près de Yaoundé (Centre), d’une puissance d’environ 330 MW.
Des difficultés ont retardé la mise en place du projet. À commencer par le manque d’enthousiasme des partenaires, peu convaincus de la nécessité de doter le Cameroun d’un tel ouvrage. Certains, à l’instar de la Banque mondiale, redoutaient un impact négatif sur la préservation des forêts et la protection de l’environnement. Des études rassurantes, ainsi que la promesse gouvernementale d’indemniser les trois cent cinquante villageois expropriés, ont vaincu les réticences des bailleurs de fonds. Selon EDC, ces familles seront relogées dans le canton voisin. Par ailleurs, un plan de gestion environnemental et social présenté en juin prévoit une enveloppe de 44 milliards de F CFA pour la construction de centres de santé et d’écoles, ainsi que la mise en œuvre de plans de formation et d’encadrement pour le développement des activités agricoles et piscicoles.
L’autre point de blocage concernait le déplacement de l’oléoduc Tchad-Cameroun, qui traverse l’emprise prévue pour accueillir la retenue d’eau du barrage. Pour écarter le risque d’une catastrophe écologique qui pourrait survenir à cause de la forte pression exercée sur les canalisations du pipeline, le gouvernement et la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), l’entreprise qui gère l’oléoduc, ont abouti à un accord le 7 juillet dernier, après trois ans de négociations. Ce dernier stipule que chacune des parties prend à sa charge une partie du financement des travaux nécessaires pour détourner le tracé du pipeline de 25 km, dont le coût a été arrêté à 45 milliards de F CFA.
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