Cameroun : Camair-Co peut-elle réussir ?
Six mois après son vol inaugural, la compagnie nationale supporte la comparaison avec ses concurrentes. Même si le taux de remplissage n’est pas encore au rendez-vous.
Le Cameroun au banc d’essai
« Cela fait sept ans que je ne suis pas rentré au Cameroun, soupire Pierre, patron d’une entreprise de sécurité, qui vit en France depuis quinze ans. Cet été, pour mes vacances, j’ai eu envie de tester notre nouvelle compagnie. » Il frétille d’impatience et trouve le temps long. A l’agence de Paris, une hôtesse de Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) lui a conseillé de se présenter très tôt à l’aéroport Roissy-Charle-de-Gaulle.
Sur place, il comprend pourquoi. La compagnie opère à partir du terminal 2B, où les contrôles de police s’effectuent avant l’enregistrement, à cause, dit-on, d’une erreur du constructeur. Les accompagnateurs sont donc priés de rebrousser chemin, obligeant les voyageurs à poursuivre les formalités en manipulant sans aide des chariots débordant de bagages. « C’est encore un coup des Français qui ne veulent pas de la concurrence », bougonne un voyageur arborant le maillot des Lions indomptables, furieux de devoir faire avancer à la fois son chariot à bagages et une poussette. S’ensuit alors un de ces débats passionnés dont les Camerounais sont coutumiers, émaillé de certitudes sur la concurrence déloyale, l’existence d’un complot occidental visant à affaiblir les entreprises africaines, etc.
Symbole
Une ambiance analogue à celle qui régnait avant l’arrêt définitif, en 2008, des activités de la défunte Camair. Le pavillon national représentait alors un élément fédérateur. Et, comme son ancêtre, la Camair-Co est une entreprise symbole, à laquelle les Camerounais de l’étranger se sont attachés dès sa création, en 2006. Avant même l’ouverture de la ligne Douala-Yaoundé-Paris, la première (avec la liaison Douala-Yaoundé) à avoir été mise en place lors du lancement de la compagnie, le 28 mars 2011.
Après les formalités d’enregistrement, on découvre la cabine du Boeing 767-300 ER de 210 places, le « Dja », mis en service en 2001, qui assure les vols internationaux. Un avion bien insonorisé, mais dont les aménagements intérieurs sont sommaires. On note le peu d’espace entre les sièges, l’absence d’écran devant soi pour visionner des films, s’informer ou jouer. Diffusés par haut-parleurs, les succès de chanteurs populaires ne suffisent pas à meubler l’ennui de plus de six heures de vol intercontinental entre Paris et Yaoundé.
Sur ce point, il sera difficile à la nouvelle compagnie de soutenir la comparaison avec ses concurrentes françaises, belges et suisses, qui proposent des Boeing 777 ou des Airbus A330, des biréacteurs longs-courriers de générations récentes dont les aménagements intérieurs privilégient le confort des passagers.
Deux très bons points en revanche, pour le service à bord de la Camair-Co : le sourire et la disponibilité du personnel navigant, ainsi qu’un plateau-repas excellent et généreux, qui propose, notamment, le meilleur de la cuisine camerounaise. Certains de ses concurrents, en particulier Air France, gagneraient à s’en inspirer. Enfin, en dépit de quelques vols annulés pour des problèmes techniques, les avions sont ponctuels.
Dessertes régionales
Cependant, l’attachement d’une population à sa compagnie aérienne ne suffit pas, et le transporteur diot redoubler d’efforts pour améliorer la qualité de ses prestations. Pour l’heure, l’évolution du taux de remplissage reste mitigée. Ainsi que le reconnaît le directeur général, le Néerlandais Alex Van Elk, celui-ci est en deça du taux minimum de 66 % nécessaire pour rentabiliser l’exploitation.
En dépit d’un peu de retard sur le calendrier, la Camair-Co poursuit le développement de son réseau. Après Libreville (Gabon) et Lagos (Nigeria), le transporteur compte rapuidement ouvrir des dessertes vers Abidjan (Côte d’Ivoire), Cotonou (Bénin) et Dakar (Sénégal). Pour faire face à la densification de son activité, il s’est récemment doté d’un secont Boeing 737-700, portant ainsi sa flotte à trois appareils.
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