Italie : Berlusconi, ou comment s’en débarrasser
Berlusconi refuse d’abandonner le pouvoir. Et pour cause : avec toutes ses casseroles judiciaires, le président du Conseil italien redoute de se retrouver derrière les barreaux. Les tractations en vue de son départ ont commencé.
Affaibli par la crise économique, qui l’a contraint à opter pour une politique d’austérité sans précédent, snobé par ses partenaires européens, qui rêvent tout bas de se débarrasser de lui, Silvio Berlusconi devrait – en toute logique – jeter l’éponge.
Mais le turbulent Cavaliere s’y refuse. Il a ses raisons : avec son inégalable batterie de casseroles judiciaires, il craint de finir sa carrière derrière les barreaux. D’autant que deux des magistrats qui le poursuivent pour corruption et prostitution de mineure ont juré d’avoir sa peau.
Tandis que le « vieux lion » entasse les sacs de sable autour du palais Grazioli, sa résidence romaine, il règne au-dehors une atmosphère de complot. Après avoir d’abord cherché un Brutus pour lui donner le coup de poignard fatal, sa famille politique tente désormais de lui trouver une échappatoire. C’est le sens de la proposition lancée, le 8 septembre, par Rocco Buttiglione, l’un de ses anciens ministres, dans le quotidien catholique Avvenire.
Elle consisterait à s’inspirer du pardon accordé par le président américain Gerald Ford à son prédécesseur, Richard Nixon, pour le sortir du Watergate. Déjà évoquée il y a quelques mois par des politiciens de droite comme de gauche, cette solution garantirait une immunité pénale au président du Conseil – du coup, plus de procès ! –, mais nécessiterait aussi une modification de la Constitution.Comment convaincre les juges qui attendent Silvio Berlusconi le 3 octobre pour la reprise du procès Ruby – du nom de cette mineure marocaine que le (très) vieux beau aurait séduite – d’abandonner leurs poursuites ?
Méfiance
Une solution a priori plus simple pourrait être envisagée : installer Berlusconi dans un fauteuil de sénateur à vie en échange de l’abandon de la présidence du Conseil. Mais cette proposition suscite à juste titre la méfiance de l’intéressé, les deux Chambres pouvant voter à tout moment la levée de l’immunité parlementaire d’un représentant du peuple.
Dans cette difficile partie d’échecs qui vient de commencer, les marchés pourraient bien jouer un rôle déterminant. Ils vont en effet devoir juger les effets du plan de rigueur de 54,2 milliards d’euros que le Parlement vient d’adopter et qui est censé permettre à la péninsule d’atteindre le déficit zéro d’ici à 2013. Une mauvaise note des marchés pourrait pousser les partisans de l’amnistie à s’engager par écrit pour vaincre les dernières réticences du Cavaliere.
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Alexandra Bakchine, à Rome.
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