Libye : Sarkozy en terrain conquis

Lors de sa visite à Tripoli et à Benghazi, le chef de l’État français a été accueilli avec chaleur par les dirigeants de l’après-Kadhafi. Retour sur un triomphe politique et populaire.

Sarkozy et Cameron en visite en Libye le 15 septembre. © Reuters/Philippe Wojazer

Sarkozy et Cameron en visite en Libye le 15 septembre. © Reuters/Philippe Wojazer

Publié le 23 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Près de six mois après avoir pris fait et cause pour les rebelles libyens, Nicolas Sarkozy savoure, sur place, son succès. Premier dirigeant étranger à avoir soutenu l’opposition, le président a remporté son pari lorsque les forces favorables au Conseil national de transition (CNT) ont pris Tripoli, fin août. C’est donc un homme comblé qui atterrit, le 15 septembre, dans la capitale libyenne, où l’accueillent Mustapha Abdeljalil, président du CNT (lire pp. 42-45), et Mahmoud Jibril, actuel numéro deux du nouveau pouvoir libyen. Lequel doit tant au Français – et ne se prive pas de lui en faire l’éloge – qu’on en oublierait presque que David Cameron, le Premier ministre britannique, autre pilier de l’intervention occidentale en Libye, est arrivé peu avant à bord d’un appareil de la Royal Air Force.

Une coopération "sans tutelle"

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Entourés de moult CRS et autres protections rapprochées, les deux Européens déroulent leur programme. Premier arrêt à l’hôpital central de Tripoli, où Sarkozy prend la température de sa popularité auprès du personnel et des patients.

Lors de la conférence organisée un peu plus tard, le président Abdeljalil insiste sur l’amitié franco-anglo-libyenne : « Nos amis et alliés ne nous ont pas aidés par intérêt mais pour soutenir notre peuple dans sa lutte contre l’oppresseur. » Sarkozy en profite pour dénoncer les informations publiées « par une certaine presse », faisant état de contrats préférentiels au bénéfice des sociétés françaises : « Un faux, une manipulation », assène le président français. Mahmoud Jibril annonce, en passant, que les frappes de l’Otan continueront, à la demande des Libyens, tant que les fronts de Beni Walid, de Syrte et de Sebha resteront ouverts. Mais précise tout de même que la coopération se fait « sans tutelle ».

Entrer dans l’histoire

Côté Sarkozy, le message est le même. Premier soutien des rebelles, grand vainqueur de l’intervention occidentale, le président français doit naviguer entre l’envie de marquer cet épisode qui pourrait l’inscrire dans l’Histoire (comme Chirac refusant l’invasion en Irak) et la nécessité, justement, de ne pas apparaître en terrain conquis : « La France est très attachée à l’unité et à la réconciliation de la Libye », martèle-t-il. « Le président est venu plaider la vertu du pardon », nous confie un de ses accompagnateurs. Il n’empêche : sa délégation imposante laisse entrevoir les belles années de co-opération que se réserve la France avec les successeurs de Kadhafi.

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Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, évite de croiser le regard de Bernard Henri-Lévy, un rang derrière lui. Le conseiller diplomatique de l’Élysée, Jean-David Levitte, est là, à côté d’Antoine Sivan, le plus haut diplomate français en Libye, officiellement en poste à Benghazi. C’est dans cette ville, capitale de la Cyrénaïque, que la visite se poursuit.

Face à une foule massée sur la place Al-Tahrir locale, David Cameron sait réchauffer les cœurs : « Le colonel Kadhafi voulait vous pourchasser comme des rats, mais vous lui avez montré un courage de lions. » L’organisation est chaotique, Mahmoud Jibril se retrouve propulsé interprète. Le mot de la fin est pour Sarkozy : « Mes amis de Benghazi, nous vous demandons une chose : nous croyons dans la Libye unie, pas dans la Libye divisée. » Et de conclure, large sourire aux lèvres : « Vive Benghazi, la Libye, l’amitié entre la France et la Libye ! » avant d’inviter son ami « David » à « serrer des mains ». Un bain de foule en face du port. Un meeting, des supporteurs, une victoire. Comme un avant-goût de campagne pour le président français.

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