France : quand Claude Guéant décrète la fin les prières de rue
Dans le 18e arrondissement de Paris, les musulmans ne doivent plus prier dans la rue, estime le ministre de l’Intérieur. Mais alors où ? Une nouvelle mosquée provisoire a ouvert ce vendredi dans la précipitation, sur ordre du ministre : une ancienne caserne désaffectée… en attendant mieux.
Le problème des mosquées du 18e arrondissement de Paris, dont l’exiguïté contraint les fidèles à prier dans la rue, vire au casse-tête. Le gouvernement pensait avoir trouvé la solution. Le 8 août, Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur, avait annoncé que les musulmans du quartier de la Goutte-d’Or pourraient, à partir du 16 septembre, prier dans une ancienne caserne, porte de Clignancourt. « Les prières de rue, c’est quelque chose qui est directement attentatoire au principe de la laïcité. Il faudra que cela cesse », avait-il indiqué.
Depuis, le vaste bâtiment désaffecté a fait peau neuve pour accueillir quelque 2 700 personnes pour la prière du vendredi. À en croire le ministre, les responsables musulmans auraient visité le chantier et donné leur feu vert. Or le 30 août, Cheikh Salah Hamza et Moussa Niambélé, les imams des mosquées des rues Myrha et Polonceau, ont fait savoir que tel n’était pas le cas. « Nous avons découvert la date du 16 septembre dans la presse », a proteste Niambélé, qui a réclamé « des aménagements ». Mais ceux-ci, en milieu de semaine, n’était toujours pas terminés…
Une ancienne caserne? Pourquoi pas. Mais les imams veulent des "aménagements".
Lors des réunions à la préfecture de police, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, s’est efforcé de jouer les médiateurs. Hamza et Niambélé réclament un lieu de culte unique (la caserne compte deux salles de 1 200 m2 et 800 m2) utilisable sept jours sur sept. Ils souhaitent aussi qu’un seul imam soit désigné pour diriger la prière. Pour l’heure, la mosquée de la rue Myrha accueille surtout les Maghrébins, et celle de la rue Polonceau, les Subsahariens. Les chefs religieux jugent le loyer (10 000 euros par an) excessif et réclament l’aménagement d’un parking et d’une salle d’ablutions pour les femmes.
Si le bail, qui arrive à expiration en 2013, n’était pas renouvelé, et si, d’ici là, le futur Institut des cultures d’Islam n’était pas encore prêt à accueillir les fidèles, Hamza et Niambélé souhaitent que ces derniers puissent bénéficier d’un autre lieu de culte. De toute façon, la caserne de la porte de Clignancourt est censée n’être qu’une solution provisoire avant la construction de nouveaux lieux de culte dans la capitale. Or celle-ci est freinée par des réticences politiques et des conflits fonciers.
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