Chine : la corruption gangrène le Parti communiste

Le gouvernement chinois ayant fait de la lutte contre la corruption une priorité nationale, une dizaine d’hommes d’affaires et de responsables du Parti communiste ont déjà été condamnés à mort et exécutés. Ils ne seront sûrement pas les derniers.

Manifestation de victimes abusées par un chef mafieux, à Chongqing, mai 2010. © AFP

Manifestation de victimes abusées par un chef mafieux, à Chongqing, mai 2010. © AFP

Publié le 19 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Ancien PDG pour la province du Sichuan de l’opérateur de téléphonie China Mobile, Li Hua vient d’être condamné à mort. Il avait été préalablement convaincu d’avoir touché plus de 2 millions d’euros de pots-de-vin. Le cas n’est pas isolé. Il y a un peu plus d’un mois, deux membres de premier plan du Parti communiste (ils furent maires adjoints des villes de Hangzhou et de Suzhou) ont eux aussi été condamnés à mort. À eux deux, ils avaient touché près de 35 millions d’euros en échange de passe-droits pour des promoteurs locaux. Au total, une dizaine de hauts fonctionnaires, membres du Parti ou cadres supérieurs ont été condamnés à la peine capitale depuis le lancement, en mars, d’une croisade anticorruption par le président Hu Jintao – une question « de vie ou de mort pour le Parti », selon lui.

Le phénomène est en effet de plus en plus mal supporté par la population, exaspérée par ces « princes rouges » et autres milliardaires dont les fortunes colossales ont souvent des origines douteuses. À en croire la banque centrale chinoise, plus de 87 milliards d’euros ont été détournés en vingt ans par les seuls cadres du gouvernement et des sociétés d’État.

Montant des détournements de la nomenklatura : plus de 87 milliards d’euro en vingt ans.

la suite après cette publicité

Dans l’hebdomadaire International Herald Leader, un éditorialiste dénonce avec une rare virulence une « perte des valeurs morales » et accuse corrupteurs et corrompus d’être des « vandales ». « Quand toutes les limites que s’impose une société sont franchies et que toute confiance en autrui a disparu, organisations gouvernementales et mafieuses ont tendance à s’interpénétrer. Et l’on assiste à l’apparition d’un ordre social fondé sur la violence », écrit-il. Un article que la censure a laissé passer, preuve que la récréation est terminée. Et que la chasse aux ripoux sera impitoyable.

Oligopoles

« La corruption est inhérente au Parti communiste, estime pour sa part un spécialiste qui souhaite conserver l’anonymat. Depuis trente ans, on a vu apparaître de véritables oligopoles qui contrôlent les télécoms, les infra­structures de transport, le pétrole, les banques… Ce sont des cadres du Parti qui sont à leur tête et décident de tout. Ils acceptent des pots-de-vin en échange de contrats. Il sera difficile d’éradiquer le phénomène en quelques mois. »

Difficile, sans doute, mais indispensable. Car la corruption finit par jeter la suspicion sur l’économie tout entière. En février, l’arrestation d’un ancien ministre des Chemins de fer a ainsi révélé l’existence d’une incroyable gabegie au sommet de l’État. Appelé à gérer les 300 milliards d’euros affectés à la construction du plus vaste réseau de trains à grande vitesse de la planète, l’intéressé avait passé toutes les bornes en matière de prévarication, n’hésitant pas à utiliser du béton poreux ou des systèmes de signalisation défaillants. Sans parler de la construction de lignes non rentables pour complaire à tel ou tel potentat local. Bénéfice net pour lui : 100 millions d’euros. Et résultat inévi­table : un premier grave accident, en juillet. Du coup, tous les projets d’exportation de ce fleuron technologique sont tombés à l’eau. Dans tous les domaines, du transport aérien à la construction d’infrastructures géantes, le made in China a désormais du plomb dans l’aile. Le gouvernement n’a donc pas le choix. Il lui faut faire le ménage. Et vite.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires