Égypte : assiégé, Citadel renforce ses défenses
Le cours du capital-investisseur égyptien Citadel Capital a été divisé par quatre en un an et demi. Révolution, menace de rachat… Alors qu’il tente de renforcer ses fonds propres, la pression s’accentue.
Citadel Capital espère qu’il aura retrouvé un peu d’air dans un mois jour pour jour. Le capital-investisseur égyptien, numéro un dans son pays, a lancé le 4 septembre une levée de fonds d’environ 121 millions d’euros, dans le cadre d’une émission de droits de souscription. Objectifs : maintenir sa capacité d’investissement en propre pour les mois qui viennent, mais également sauvegarder son indépendance. Capital Citadel est devenu, en quelques années, l’un des principaux capital-investisseurs du continent, avec un peu plus de 2,8 milliards d’euros sous gestion via 19 holdings.
121 millions d’euros : c’est le montant de la levée de fonds lancée en septembre par Citadel Capital
Après une année 2010 sous les meilleurs auspices, les vents contraires soufflent fort sur Citadel. Coté au Caire, le titre a chuté de 62 % depuis le début de l’année pour atteindre un plus bas historique à 3,75 livres égyptiennes (0,43 euro) le 29 août. Soit quatre fois moins que son cours d’introduction, en novembre 2009. De quoi ouvrir la porte à d’éventuels acquéreurs. L’émirati Abraaj Capital a ainsi, pendant quelques semaines, négocié la reprise des parts du management dans Citadel (33 % du capital), avant d’abandonner l’idée.
Maîtrise des coûts.
La révolution égyptienne a largement affecté les activités de Citadel. Au premier trimestre, le capital-investisseur a réalisé une perte (hors participations) de 3,2 millions d’euros, contre un léger bénéfice de 0,2 million un an plus tôt. Plusieurs de ses sociétés en portefeuille ont été touchées par la crise, principalement Asec Holding (ingénierie, construction et ciment). Le fondateur de Citadel, Ahmed Heikal, a été mis en cause et interdit de déplacement à l’étranger dans le cadre de la privatisation contestée de la société cimentière Helwan Portland Cement Company, remportée par Citadel. Le capital-investisseur a alors publié un démenti indiquant qu’il n’avait pas acquis directement la société en question, mais à la suite de la reprise d’un autre groupe, Arab Swiss Engineering Company. Depuis, l’interdiction de voyager a été levée.
En matière de maîtrise des coûts, le capital-investisseur a vite réagi. « En 2011, nous avons réduit les dépenses opérationnelles de 52 %, à travers la combinaison de reports de salaires et de bonus, et de coupes dans les frais de déplacements, les dépenses de communication et de marketing », explique Ahmed Heikal. Face à la crise, Citadel a gelé temporairement toute cession de participations.
Objectifs : maintenir sa capacité d’investissement en propre et sauvegarder son indépendance.
Le capital-investisseur semble néanmoins avoir gardé la confiance de ses coïnvestisseurs. En témoignent les quelque 110 millions d’euros récemment accordés par six institutions de développement, dont la Banque africaine de développement (BAD) à Rift Valley Railways, l’une des participations de Citadel qui gère le chemin de fer reliant le Kenya à l’Ouganda. « Depuis longtemps, nous espérons travailler avec eux et nous attendons impatiemment le jour où ils décideront de bâtir une plateforme pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne », explique le directeur d’une des principales agences de développement occidentales.
Le modèle de Citadel continue à séduire. À la différence de la plupart de ses confrères, qui se concentrent sur la levée puis la gestion de fonds pour des investisseurs extérieurs, l’égyptien investit aussi son propre capital et attire en plus sur chaque opération de nouveaux coïnvestisseurs. Il peut ainsi prendre le contrôle capitalistique et opérationnel des entreprises qu’il acquiert, via des holdings mis sur pied pour l’occasion. « Cette méthode comporte beaucoup de risques et demande énormément de savoir-faire, mais reste plus efficace pour créer de la valeur et, au final, de la rentabilité », explique un financier. Mais elle a une condition importante : Citadel doit être en capacité d’investir pour son propre compte, d’où l’importance de la levée en cours sur le marché égyptien.
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