Sénégal : Alfred Gbaka au chevet du Cesag

Nommé en janvier à la tête du Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag), à Dakar, Alfred Gbaka veut faire de l’institution une business school incontournable.

Le « grand oral » de Gbaka devant le conseil d’administration du Cesag aura lieu le 17 octobre. © Vincent Fournier, pour J.A.

Le « grand oral » de Gbaka devant le conseil d’administration du Cesag aura lieu le 17 octobre. © Vincent Fournier, pour J.A.

Julien_Clemencot

Publié le 14 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

« Pour l’heure, je suis admissible, mais il me reste encore un grand oral à passer », avance prudemment Alfred Gbaka, le directeur général du Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag). Cet été, le conseil d’administration de l’institution créée en 1978 à Dakar par les États ouest-africains a entériné les orientations stratégiques proposées par le nouveau patron, arrivé en janvier. Banalisée par l’émergence des écoles privées, l’offre pédagogique du Cesag a vu ces dernières années son image s’étioler. Plus grave : la qualité des enseignements, reconnue par des références comme l’université Paris-Dauphine ou l’École des hautes études commerciales (HEC), en France, aurait aussi baissé.

À 54 ans, l’ex-directeur de l’École supérieure de commerce et d’administration des entreprises (Escae, à Yamoussoukro) a pour mission de redonner au Cesag une stature à part. Le 17 octobre, il sera de nouveau devant ses administrateurs, dont Jean-Louis Billon, dirigeant du groupe agro-industriel Sifca, afin d’obtenir carte blanche pour la mise en œuvre de son projet quinquennal.

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Modèle anglo-saxon

« Mon ambition est de passer d’un modèle qui juxtaposait les formations comme autant de sources de revenus à un ensemble cohérent », explique cet agrégé en sciences de gestion. Dès la rentrée 2012, les enseignements seront recentrés autour d’un programme « grande école », calqué sur le modèle anglo-saxon, pouvant mener les étudiants jusqu’au diplôme de Doctor of Business Administration (DBA). D’ailleurs, Alfred Gbaka envisage déjà de nouveaux partenariats pédagogiques avec des formations britanniques, mais aussi sud-africaines, voire ghanéennes.

« En complément, je souhaite également créer une école doctorale », explique-t-il. Quatre enseignants-chercheurs sont en cours de recrutement et, d’ici à cinq ans, plus de 30 autres devraient venir renforcer le corps professoral. « Des compétences indispensables pour faire du Cesag une école à part en Afrique de l’Ouest et attirer les meilleurs professeurs », défend le directeur.

Plus de 30 enseignants-chercheurs devraient venir renforcer le corps professoral d’ici à cinq ans.

Outre le cursus « grande école », l’institution misera aussi sur la valorisation et l’enrichissement des programmes qui font déjà sa réputation, dans les domaines de la finance et du management de la santé. Enfin, l’école conservera un certain nombre de licences professionnelles pour répondre aux besoins des entreprises ouest-africaines en matière d’encadrement intermédiaire.

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Pour financer ses ambitions, Alfred Gbaka n’est favorable ni à une augmentation significative des frais de scolarité (1,2 million de F CFA par an, soit 1 830 euros) ni à celle du nombre d’étudiants (1 200). Comme il est peu probable que le conseil d’administration accepte de lui apporter le million d’euros supplémentaire (sur un budget total d’environ 6 millions) nécessaire au changement de cap du Cesag, le directeur entend trouver une solution en développant les formations proposées aux cadres en activité et aux entreprises, notamment grâce à des sessions organisées via internet.

Au-delà des contenus académiques, l’institution devra aussi, pour réussir sa mue, mener une importante réorganisation interne qui pourrait faire grincer quelques dents, tant chez les professeurs que parmi les personnels administratifs. Autre chantier de taille complètement délaissé par l’ancienne équipe : le marketing et la communication.

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Pour relever tous ces défis, Alfred Gbaka et ses collaborateurs pourront par exemple s’inspirer de l’expérience de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE, dirigée par Paul Giniès). À la dérive il y a dix ans, l’école inter-États de Ouagadougou fait aujourd’hui partie des rares formations dont le diplôme d’ingénieur est reconnu en France, et donc dans toute l’Union européenne.

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