Palestine : Janet Mikhaïl, notre-dame de Ramallah

Élue en 2005 maire de la ville cisjordanienne de Ramallah, Janet Mikhaïl fait aujourd’hui l’unanimité parmi ses administrés. Portrait d’une Palestinienne chrétienne qui n’a pas froid aux yeux.

Janet Mikhaïl, maire de la ville de Ramallah. © Fédération palestinienne de football

Janet Mikhaïl, maire de la ville de Ramallah. © Fédération palestinienne de football

Publié le 15 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

« Elle a fait un travail exceptionnel, s’enthousiasme Sam Bahour, un homme d’affaires palestinien. Elle a mené à bien de grands projets. Tout cela sans l’aide financière américaine, ce qui est d’autant plus admirable. » Car lorsque Janet Mikhaïl remporte les élections municipales de Ramallah en 2005, certains donateurs internationaux, comme l’Usaid, refusent de travailler avec elle. Motif : elle aurait noué des alliances avec des organisations dites « terroristes ». À la tête d’une liste indépendante, Ramallah pour tous, sur laquelle figurent des membres du controversé Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Janet Mikhaïl a en effet été élue grâce aux voix du Hamas. Elle n’a pourtant rien d’une terroriste. Cheveux courts, regard serein, assurance tranquille, elle tient toujours un discours mesuré et se montre extrêmement courtoise avec ses interlocuteurs.

Janet Mikhaïl, 66 ans, a réussi à transformer Ramallah, qui abrite le siège de la présidence (Mouqataa), en un endroit où il fait bon vivre. C’est une ville « libérale, cosmopolite et ouverte sur l’extérieur », se réjouit-elle. Un constat partagé par Sam Bahour, qui ajoute qu’elle « a conduit plusieurs projets d’infrastructures, les routes et le tout-à-l’égout par exemple, mais surtout [que], grâce à elle, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans les domaines culturel et artistique ».

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Nicholas Marouf, fondateur du site d’information Ramallah Online, relativise cependant : « La mairie manque quelque peu de transparence, et il n’y a pas de véritable politique de long terme. » Mais, reconnaît le journaliste, « ils font ce qu’ils peuvent et Janet Mikhaïl a un lourd fardeau sur les épaules. Elle a une très bonne réputation. Les gens l’apprécient énormément et ils sont fiers de l’avoir pour maire ».

Féministe

Ancienne professeure de chimie, Janet est issue d’une vieille famille chrétienne de Ramallah. « L’Autorité palestinienne a veillé à ce que les villes d’origine chrétienne gardent un maire chrétien. Ça a été codifié en 2005 par un décret présidentiel », explique-t-elle.

La réconciliation entre le Fatah et le Hamas est un retour à l’ordre naturel des choses.

Celle qui a longtemps dirigé l’école secondaire pour jeunes filles de la ville était déjà une célébrité locale appréciée pour son implication dans la vie associative. « Dans sa jeunesse, elle faisait partie des mouvements scouts et elle était membre des Young Women’s Christian Association », ajoute Sonia Dubourg-Lavroff, adjointe au maire de Bordeaux, ville française jumelée avec Ramallah. Car le sort de la femme palestinienne est l’un des chevaux de bataille de Janet. « Nous devons encore fournir des efforts, reconnaît-elle, pour que la femme soit formée et éduquée comme les hommes et pour qu’elle accède à des postes élevés. L’action politique a besoin d’être structurée pour encourager la participation des femmes. J’ai assisté cette année à la remise de diplôme des étudiants de l’université de Bir Zeit ; 53 % de la promotion étaient des filles. »

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Unité Nationale

Mais pour la maire de Ramallah, la priorité reste l’union du peuple palestinien. C’est donc avec une grande satisfaction qu’elle a accueilli la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, en mai. « C’est un retour à l’ordre naturel des choses, se félicite-t-elle. L’opposant israélien nous suffit. L’union nous aidera à libérer la Palestine. » Tout comme elle juge essentielle la reconnaissance de l’État palestinien à l’ONU, prévue en septembre. « Tout ce que nous demandons, martèle-t-elle, c’est un État dans les frontières de 1967, avec comme capitale Jérusalem-Est. Mais Israël continue de rejeter les résolutions du Conseil de sécurité. La colonisation se poursuit, et il y a ce mur qui empêche la libre circulation et rend la vie dans les territoires palestiniens tout simplement impossible. » Des propos que Janet Mikhaïl voudrait pouvoir ne plus répéter indéfiniment…

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