Afrique – France : Sarkozy avance ses pions

Lors de la conférence des ambassadeurs, le 31 août, à Paris, le président français a mis l’accent sur l’avenir du continent.

Nicolas Sarkozy salue les chefs d’État africains lors du défilé du 14 juillet 2010 à Paris. © AFP

Nicolas Sarkozy salue les chefs d’État africains lors du défilé du 14 juillet 2010 à Paris. © AFP

Publié le 8 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Auréolé de ses succès en Côte d’Ivoire et en Libye, Nicolas Sarkozy renoue avec la politique africaine de rupture qu’il promettait avant son élection en 2007. Lors d’une visite au Bénin, en 2006, il avait annoncé « une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé ».

À l’occasion du traditionnel discours de politique étrangère qui a ouvert la conférence annuelle des ambassadeurs, le 31 août, à Paris, le chef de l’État français s’est montré volontaire : « Cette Afrique en mouvement, la France veut être à ses côtés. Elle veut l’accompagner dans sa marche vers la démocratie et le développement. » De quoi faire oublier les propos de Michèle Alliot-Marie, l’ancienne ministre des Affaires étrangères, qui avait proposé au Tunisien Ben Ali « le savoir-faire des forces de sécurité françaises » pour canaliser les manifestations. Ou la diplomatie parallèle des émissaires Robert Bourgi et Patrick Balkany, et, surtout, de Claude Guéant, l’ancien secrétaire général de l’Élysée. Une redistribution des rôles facilitée par le retour d’Alain Juppé au Quai d’Orsay. « Les deux hommes ont mis un peu de temps à trouver le bon tempo. Le tandem fonctionne bien aujourd’hui et, depuis qu’il est à la tête du ministère de l’Intérieur, Guéant ne s’immisce plus dans les affaires africaines », commente un diplomate.

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Décollage

Juppé, qui entend notamment relancer l’Union pour la Méditerranée (UPM), fera des propositions en ce sens dans les prochaines semaines. Il compte sur le nouveau secrétaire général de l’UPM, le Marocain Youssef Amrani, pour dynamiser les projets et devrait obtenir sans peine la coopération de la Libye, seul pays de la rive sud qui n’y participe pas encore.

Dans les pays au sud du Sahara considérés comme des démocraties, la France promet une aide multiforme via son ministère de la Coopération et son bras financier, l’Agence française de développement (AFD). Elle profitera également de sa présidence du G20 et du sommet de Cannes, en novembre, pour promouvoir les thématiques africaines. Le 26 septembre, Henri de Raincourt, le ministre de la Coopération, animera une réunion ministérielle où l’on reparlera des financements innovants et de la hausse de l’aide publique au développement.

Pour Sarkozy, le décollage économique de l’Afrique doit devenir une priorité européenne. Doublement de la population d’ici à 2050, croissance supérieure à 5 % par an, sécurisation des approvisionnements pétroliers, nouveaux accords de défense avec des perspectives de contrats pour les industries de l’armement, juteux marchés de la reconstruction en Libye, en Côte d’Ivoire ou en Guinée… De la realpolitik au business, la stratégie élyséenne est avant tout pragmatique alors que la concurrence chinoise et américaine se fait de plus en plus agressive.

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Paris n’entend pas pour autant précipiter le « printemps africain » là où les dirigeants affichent une longévité record. L’Élysée dispose de pièces maîtresses comme Paul Biya au Cameroun, Blaise Compaoré au Burkina ou Denis Sassou Nguesso au Congo, indispensables relais de sa diplomatie. Dans ces pays, la France préférerait des transitions politiques où les présidents en exercice préparent la relève – à l’image de la réforme engagée par le roi Mohammed VI au Maroc –, préservant l’avenir des relations bilatérales et la stabilité régionale.

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