Liberia : le référendum constitutionnel, un échec pour Johnson-Sirleaf

Destiné à simplifier le jeu politique, le référendum du 23 août au Liberia a fait un flop. Résultat : la Constitution ne change pas d’un iota et chacun interprète les textes à sa manière… Analyse.

Ellen Johnson-Sirleaf est aujourd’hui fragilisée. © AFP

Ellen Johnson-Sirleaf est aujourd’hui fragilisée. © AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 8 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Censé clarifier les règles du jeu politique, le référendum du 23 août les aura, au contraire, embrouillées. Appelés à se prononcer sur quatre amendements à leur Constitution, les Libériens ont massivement boudé les bureaux de vote : la participation n’a atteint que 34,2 %. Pis, aucune des propositions n’a séduit les deux tiers des 615 703 votants – or c’était le seuil requis pour qu’elles soient ratifiées. L’une d’elles, portant sur le report de l’âge de la retraite des juges de la Cour suprême (de 70 à 75 ans), mal imprimée sur le bulletin de vote, a même rebuté la majorité des électeurs. Résultat : la Constitution adoptée en 1986 sous le régime – de sinistre mémoire – du président Samuel Doe reste inchangée.

Exit donc la mesure phare du référendum : l’abaissement de dix à cinq ans de la durée de résidence pour pouvoir être candidat à la présidentielle, alors que la guerre a exilé la plupart des élites jusqu’en 2003. En attendant que la Cour suprême valide les candidatures, l’opposition et la majorité se déchirent sur les modalités de calcul de ces dix années. Pour les premiers, qui avaient appelé à boycotter le scrutin, il s’agit d’une durée de résidence continue. Pour les seconds, on peut cumuler les périodes. L’enjeu est de taille : Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente sortante, rentrée au pays en 2005, mais aussi la plupart des candidats de l’opposition, sont installés au Liberia depuis moins de dix ans… Winston Tubman, du Congress for Democratic Change, le principal parti d’opposition, pourrait, lui aussi, être concerné, même s’il soutient que son statut de haut fonctionnaire des Nations unies en Somalie (2002-2005) lui permettait d’élire résidence à Monrovia. « On peut penser qu’au bout du compte la Cour suprême, proche du gouvernement, validera malgré tout la candidature des seize personnalités déjà enregistrées », note un diplomate européen en poste dans la capitale.

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Délai intenable

Autre inconnue, la date de la présidentielle. L’amendement qui reportait la consultation au 8 novembre n’ayant, lui non plus, pas été ratifié, celle-ci devrait avoir lieu le 11 octobre – un délai qui semble impossible à tenir. « Je ne vois pas comment on pourra imprimer tous les bulletins alors que la liste officielle des candidats ne sera pas annoncée avant la mi-septembre, soit moins d’un mois avant le scrutin », objecte un journaliste libérien.

Reste que, pour la Commission électorale nationale, ce référendum est un échec patent. « Elle a failli dans son rôle de sensibilisation de la population, se contentant de diffuser des messages dans la presse ou à la radio au lieu d’aller sur le terrain », s’indigne Mohammed Kpoghomu, professeur à l’Université du Liberia. Ellen Johnson-Sirleaf, dont le Parti de l’unité avait fait la promotion du référendum, est aujourd’hui fragilisée.

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