Il émane de ce petit bout de femme de 40 ans une impression de force tranquille. Radiologue, Emna Mnif pourrait passer pour une championne d’escrime, avec son physique menu et son regard déterminé. Le regard de ceux qui ne perdent pas de vue leur objectif. Le sien est de gagner. Avec la chute de Ben Ali, la politique et l’activité associative s’imposent à elle pour installer et transmettre les valeurs démocratiques.

"La Tunisie était à la dérive"

Ce flambeau qu’elle porte aujourd’hui lui a été transmis par une mère professeure de français qui lui a inculqué les fondements des Lumières. Un passage par le journalisme, durant ses études de médecine, lui fait réaliser que « la Tunisie était à la dérive ». « J’ai vécu de près le durcissement politique et je me suis radicalisée dans mon opposition au système », confie-t-elle. Engagée dans l’activité syndicale, elle a siégé au conseil régional, puis au Conseil national de l’ordre des médecins.

Sans renoncer à un métier qui la passionne, Emna Mnif, qui s’est fait connaître comme porte-parole d’Afek Tounes, siège aujourd’hui au bureau exécutif de ce mouvement qui n’est pas, insiste-t-elle, un parti de cols blancs. « Nous ne sommes pas un groupe d’élitistes, mais des compétences, assène-t-elle. Nous croyons au travail comme principal ascenseur social. » « Nous avons une vision claire des réformes à entreprendre pour le pays », ajoute celle qui croit en la place des femmes en politique. « Femmes et hommes sont égaux et complémentaires, et ont pour vocation de servir leurs idéaux. La démocratie implique d’accepter les différences et, dans tous les cas, nous nous élevons contre tout recours à la violence. »