Israël, ou le miracle permanent

Le journaliste indépendant Frank Nouma nous livre ses voeux pour la nouvelle année hébraïque qui s’annonce.

Publié le 13 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

En 1992, un livre intitulé La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme, de Francis Fukuyama, défendait la thèse qu’après la chute de l’Union soviétique il n’y aurait plus de conflits majeurs et que notre monde connaîtrait enfin une ère de paix. Et voici que du chapeau des choses humaines a surgi un nouveau démon, l’islamisme radical, qui frappe indistinctement juifs, chrétiens et musulmans, unis dans la malédiction et l’horreur des attentats aveugles et meurtriers. Une violence terrifiante, absurde, au nom d’un Dieu vengeur et non d’un Dieu compatissant.

Israël, qui nourrissait l’espoir fou d’une paix avec ses voisins afin de créer un espace d’échange et de prospérité pour toute la région, s’est alors vu plonger dans une guerre cruelle où son destin même est en jeu. Car il ne faut pas se tromper. Il ne s’agit pas ici d’un problème de colonies ou de territoires occupés, comme certains en Europe – et ils sont nombreux – feignent de le croire. Il s’agit de la destruction totale d’Israël et de son peuple.

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C’est le projet proclamé, le programme et le but des ennemis de l’État hébreu. S’ils en avaient les moyens militaires, ne serait-ce qu’un seul jour, Israël serait irrémédiablement rayé de la carte ! Alors, en Europe et ailleurs dans le monde, on entendrait de grands discours de compassion, et nous aurions droit à un enterrement de première classe. Nous ne connaissons que trop ce misérable refrain.

À cette seule pensée, l’angoisse étreint nos cœurs. Alors, où puiser l’espoir ? Il est vrai que notre « vieux peuple » a de tout temps connu des épreuves épouvantables. Notre histoire peut se lire comme un long catalogue d’accusations, de persécutions, de déchéance, jusqu’à l’impensable, l’indicible : la Shoah. Et pourtant, nous avons survécu. De l’enfer, nous sommes revenus. Dispersés, blessés, meurtris, hagards, mais vivants !

La création de l’État d’Israël devait offrir aux Juifs la paix et la sécurité qu’ils ont toujours revendiquées, mais jamais obtenues. Ils déchanteront rapidement. Pourtant, tout au long de l’Histoire, les Juifs ont payé de leur sang le droit d’avoir un État. Le peuple juif a toujours été dans la tourmente. Pourquoi ? Peut-être parce que, de tout temps, sa différence intriguait, effrayait. Parce que les religions monothéistes, qui sont nées du judaïsme, ont longtemps cru que, pour exister, il fallait tuer le père. Mais aussi et surtout parce que le peuple juif a toujours été et reste minuscule, sans pouvoir réel à même de faire le poids face aux multitudes.

En politique, il n’y a pas d’amis ni de sentiments, seulement des intérêts mutuels bien compris. Comme les vagues de la mer qui déferlent avant de disparaître, les civilisations et les cultures se succèdent, passent sur le minuscule galet d’Israël, le secouent, le projettent violemment, l’écrasent, mais aussi le polissent dans son humanité, avant de disparaître.

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Notre survie n’est pas logique, mais elle est un fait. D’ailleurs, rien dans l’histoire d’Israël n’est logique. L’État hébreu ne veut pas et n’a jamais voulu la guerre. Il est déchiré de voir ses enfants tomber, déchiré de devoir tuer pour survivre. La guerre, il ne s’en réjouit jamais, pas plus qu’il ne se réjouit de la mort de ses ennemis. Il ne la danse ni ne la chante. Israël sait que la guerre n’est toujours que violence et échec, même quand elle est imposée, même quand il faut la gagner pour sauver un pays et son peuple. Même quand on en sort vainqueur.

Son but ultime et son projet restent la paix avec ses voisins. Puisse la multitude des peuples arabes le comprendre et accepter au sein de leur immense territoire le petit État d’Israël à côté de l’État palestinien, libres et souverains.

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Nos prières à l’approche de Rosh ha-Shanah (nouvelle année juive) et Yom Kippour diront encore notre espérance et la fraternité en Abraham, notre père commun, qui doit unir tous ceux qui invoquent le Dieu un. « À chaque génération, ils se sont dressés contre nous pour nous anéantir et nous avons été sauvés » (Haggadah de Pessah).

Souhaitons que la nouvelle année hébraïque qui s’annonce soit celle qui verra l’édification d’un État palestinien vivant en paix à côté de l’État d’Israël.

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