Afrique de l’Est : terres en vue
Des géants indiens de l’agroalimentaire achètent ou louent de vastes surfaces arables en Éthiopie, en Ouganda et en Tanzanie.
En proposant d’injecter 2,5 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) dans le secteur agricole du continent noir, les géants indiens de l’agroalimentaire s’apprêtent à battre le record des deals agricoles signés en Afrique au cours des cinquante dernières années. Leur objectif : acquérir ou louer de vastes surfaces arables pour y produire des oléagineux, des céréales et des légumes destinés au marché indien. À cet effet, une délégation de trente-cinq industriels, composée des représentants des plus grandes entreprises indiennes de l’agroalimentaire (Mcleod Russell, Kaveri Seeds, Karuturi Global…) a entrepris à la mi-août une tournée exploratoire dans trois pays de l’Afrique de l’Est : l’Éthiopie, l’Ouganda et la Tanzanie.
Déjà présent en Éthiopie où il a signé un bail de longue durée portant sur près de 100 000 hectares de terres arables, Karuturi envisage de louer de nouvelles terres afin de produire notamment de l’huile de palme, des céréales et de la canne à sucre. « Le secteur agricole est-africain a un potentiel immense », a déclaré Sai Ramakrishna Karuturi, son directeur général, qui faisait partie de la délégation en tournée.
Cette visite des entrepreneurs indiens a été chaleureusement accueillie par les administrations locales, qui voient d’un très bon œil cet afflux d’investissements étrangers directs, susceptible de créer des milliers d’emplois en milieu rural et de renflouer les caisses des États.
L’aboutissement de ces négociations ne manquera toutefois pas de relancer le débat sur l’accaparement des terres africaines par l’agrobusiness international. Selon une étude publiée par les Nations Unies, 60 millions d’hectares de terres agricoles à travers le monde – la plupart en Afrique, mais aussi de plus en plus en Amérique latine – ont été acquis par des fonds d’investissement occidentaux ou par des pays émergents prospères dans le but de sécuriser leurs approvisionnements alimentaires. Dans les pays hôtes, ce phénomène pose problème aux populations locales, menacées d’éviction de leurs terres ancestrales et qui voient dans ce processus une nouvelle forme insidieuse de colonisation.
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