Hasni Abidi : « Kadhafi peut toujours semer la pagaille » en Libye

Hasni Abidi est directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen de Genève. Il revient sur la capacité de nuisance de Mouammar Kadhafi en Libye, même après son éviction du pouvoir.

Hasni Abidi dit craindre une « somalisation » de la Libye post-Kaddafi. © D.R.

Hasni Abidi dit craindre une « somalisation » de la Libye post-Kaddafi. © D.R.

Publié le 9 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Kaddafi : la traque
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Kaddafi : la traque

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Jeune Afrique : La menace d’une contre-insurrection est-elle réelle en Libye ?

Hasni Abidi : Un dictateur au pouvoir depuis quarante-deux ans prépare forcément une riposte en cas de tentative de putsch. C’est d’ailleurs la seule mission d’une unité de la 32e brigade dirigée par Khamis, le fils du « Guide ». Le clan Kadhafi peut continuer à narguer les nouvelles autorités avec des petits groupes de résistance, autonomes et pas forcément coordonnés. À cela s’ajoutent les combattants loyalistes fondus dans la foule, difficiles à neutraliser.

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Le sort de Kadhafi – qu’il soit capturé mort ou vif, ou jugé – pèsera sur l’avenir du pays…

En cas de fuite du colonel, les éventuels pays d’accueil pourront difficilement résister aux pressions internationales pour qu’il soit livré, d’autant que des poursuites ont été engagées par la Cour pénale internationale (CPI). D’où la stratégie de Kadhafi : résister par les armes pour peser sur les négociations (« Je suis encore là, si vous voulez la paix, composez avec moi »).

Peut-on s’attendre à un risque de partition du pays entre la Cyrénaïque, dans l’Est, bastion des insurgés, et la Tripolitaine, dans l’Ouest ?

Tout dépendra de la gestion du Conseil national de transition (CNT). Son impatience à transférer son pouvoir de Benghazi vers Tripoli traduit cette inquiétude. Si les appartenances tribales sont très importantes, les tribus n’ont pas de délimitations géographiques strictes et nouent des alliances entre elles. Kadhafi a joué là-dessus pour asseoir son pouvoir. Par exemple, sa femme n’est pas de la tribu des Gueddafa [centre du pays, NDLR] comme lui, mais d’une tribu située dans l’Est. Ces parentés tribales sont de nature à transcender d’éventuelles tentations autonomistes. Le CNT a bien compris la nécessité de représenter toute la diversité du pays. Le numéro un, Mustapha Abdeljalil, est originaire de l’Est, mais sa tribu est également présente dans l’Ouest. Le numéro deux, Mahmoud Jibril, est un Warfala (Est), la tribu qui a subi les pires représailles du régime de Kadhafi.

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Peut-on craindre une "somalisation" de la Libye ?

Oui, car les armes circulent largement. D’où la nécessité pour le CNT de construire rapidement une nouvelle armée, avec des militaires issus de la rébellion et des éléments des forces de sécurité qui ont servi le régime déchu. On ne peut pas confier les opérations de police et de sécurité aux seuls insurgés.

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Quel est le poids des islamistes dans les rangs du CNT ?

La menace d’Abdeljalil de démissionner, le 22 août, était un avertissement en direction de certains mouvements islamistes pour les empêcher de profiter du changement en cours. Leur rôle a été important dans la bataille de Tripoli. L’un des chefs militaires, Abdelhakim Belhaj, est un leader islamiste. 

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