Kadhafin
Zine el-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak, Mouammar Kadhafi… Les dictateurs tombent l’un après l’autre, en quelques semaines pour les deux premiers, en six mois pour le dernier.
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 29 août 2011 Lecture : 2 minutes.
Kaddafi : la traque
Impensable – soyons francs – fin 2010, cette réaction en chaîne historique avait connu un coup d’arrêt inquiétant et semblait devoir s’enliser dans les sables libyens et syriens. La bataille de Tripoli arrive donc à point nommé pour relancer ce processus tant espéré de renaissance du monde arabe. Bachar al-Assad doit se sentir bien seul…
Malgré son aveuglement pathologique, sa mégalomanie et sa folie meurtrière, il faut reconnaître que Mouammar Kadhafi, hier tout-puissant roi d’Afrique, se sera révélé particulièrement coriace. Le « Guide » n’est jamais meilleur stratège que lorsqu’il est acculé… Au moment où ces lignes sont écrites, le scénario de sa chute s’écrivait encore sous nos yeux. Rien de définitif donc, mais une certitude: son pouvoir malfaisant n’est plus et son clan s’est réduit comme peau de chagrin. Et si, par extraordinaire, il parvenait à conserver quelque capacité de nuisance, terré en Libye ou depuis le Tchad voisin, il ne serait plus que l’ombre du colonel qui faisait trembler ses pairs, déstabilisait tous ceux qui lui résistaient ou sponsorisait les pires canailles.
Une page se tourne, réjouissons-nous. Même si quelques esprits chagrins – naïfs, aveugles ou thuriféraires qui regrettent déjà le tarissement de la manne de pétrodinars qui savait si bien les inciter à défendre un des pires régimes de la planète – continueront de nous expliquer doctement que Kadhafi était un grand homme, un résistant, un panafricain convaincu (en ce sens, ils n’auraient pas complètement tort, mais ils oublient de préciser qu’il ne s’agissait là que d’un moyen comme un autre de servir ses propres intérêts et non ceux des Africains), la fin de l’ère Kadhafi est une grande nouvelle. Et pas seulement pour les Libyens eux-mêmes…
Kadhafi « dégagé », reste maintenant une multitude d’interrogations et de motifs d’inquiétude. Les transitions tunisienne et égyptienne ne sont déjà pas des sinécures, alors la construction de la nouvelle Libye… Le plus dur commence. Les « rebelles » du CNT n’ont aucune autre légitimité que celle d’avoir organisé la résistance. Il faudra donc des élections, ni trop rapides – le processus serait bâclé – ni trop tardives, dans un pays qui n’en a jamais connu, un pays divisé où régnera certainement une inextinguible soif de vengeance. En espérant que les nouveaux dirigeants ne s’écharpent pas d’ici là pour le pouvoir.
Enfin, de nombreux bras – européens, américain, arabes – se sont abattus sur le régime Kadhafi. Il en faudra tout autant pour nettoyer le champ de bataille, reconstruire un État et une nation. Se tiendront-ils toujours aux côtés de la population? Serviront-ils réellement ses intérêts ? Ce qui est sûr, c’est que plus les Libyens prendront leurs responsabilités dans l’édification de la Libye de demain, mieux ce sera.
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