L’homme est l’avenir de la femme

Fawzia Zouria

Publié le 29 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Les copines, je ne sais pas si vous éprouvez la même chose que moi, mais j’ai comme une inquiétude sur notre sort, à nous les femmes. Je ne cherche pas à gâcher vos vacances, ni à vous embêter chaque semaine avec mes angoisses féministes. Mais je me fais un devoir de tirer la sonnette d’alarme, à la lumière d’une actualité qui nous menace d’un retour en arrière d’autant plus insidieux qu’il s’exprime au nom de l’égalité en Occident et sous couvert de révolutions en Orient.

Pour illustrer mon propos, voici deux exemples :

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1 – L’affaire Strauss-Kahn a libéré la parole masculine et nous a valu une avalanche d’idées arrêtées sur le sexe dit faible : Nafissatou Diallo et Tristane Banon ont beau être de présumées victimes, elles ont été traitées de menteuses, de vénales, de salopes, de manipulatrices ou d’anorexique – pour Banon –, autant de travers supposés féminins. Qu’importe le viol présumé, les deux plaignantes ont encaissé insultes et quolibets, comme si l’égalité devait interdire aux femmes d’invoquer leur intégrité physique, comme si l’obtention d’un dédommagement équivalent pouvait acheter leur silence après la souffrance psychique.

2 – Les révoltes arabes, qui se sont faites avec les femmes, risquent d’accoucher… d’hommes. À preuve, la révolution tunisienne, qui n’est pas loin d’instaurer une République des mecs ! Que de barbes et de moustaches dans la rue, sur les plages, les affiches électorales ou les tribunes ! Les Tunisiennes sont en train d’être « dégagées » en douceur des instances du pouvoir, le gouvernement provisoire ne comporte que deux ministres en jupe, et les « hautes autorités » qui ont essaimé depuis le 14 janvier sont exclusivement chapeautées par des messieurs.

Le scénario risque d’être le même au Maghreb comme au Machrek. Et personne ne dit rien. Pas de voix qui s’élève en Occident pour tancer : « Vous, les Arabes, on soutient vos luttes pour la démocratie, mais n’oubliez pas l’émancipation de vos femmes, seul label d’authenticité d’une vraie révolution. » Au lieu de quoi l’Europe applaudit les revendications de la rue arabe sans s’étonner qu’elles ne mentionnent pas le droit des femmes, refuse d’entendre que l’argument « révolutionnaire » risque de réinstaller les épouses derrière les murs, appelle de ses vœux l’avènement de la citoyenneté en terre d’Islam pendant qu’on s’apprête probablement à enterrer de nouveau les descendantes de Mohammed. Après tout, qu’est-ce que l’Occident a à y perdre ? Kadhafi peut s’allier avec les rebelles islamistes, les Frères musulmans d’Égypte prendre le pouvoir, les salafistes tunisiens piétiner le code du statut personnel, si cela peut faire l’affaire des Américains et consorts, en quoi le sort des Fatma gênerait-il la marche du monde ?

Alors, réveillez-vous les filles, l’heure est au sursaut, dénoncez les procès et les révoltes qui avancent sur le corps et l’être des femmes. Sinon, le risque est grand de voir s’inverser la célèbre formule du poète pour clamer que l’homme est notre seul avenir !

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