Sénégal : un Institut pour apprendre à administrer dans la santé

Pour diriger un établissement, mieux vaut être un bon administrateur plutôt qu’un médecin chevronné… Cela s’apprend notamment à l’Institut supérieur du management de la santé, à Dakar.

Un gestionnaire d’hôpital touche entre 250 000 et 400 000 F CFA par mois. © AFP

Un gestionnaire d’hôpital touche entre 250 000 et 400 000 F CFA par mois. © AFP

Clarisse

Publié le 6 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Santé : carences et avancées sur le continent
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Santé : carences et avancées sur le continent

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D’après les chiffres publiés par la revue Academic Medicine en octobre 2009, sur les 6 500 hôpitaux américains, seuls 235 étaient dirigés par des médecins (soit 3,6 %, alors que ce taux était de 35 % en 1935). En France, la proportion serait plus faible, et quasiment nulle dans le secteur public. Dans la plupart des pays africains, en l’absence de plan de carrière pour les médecins, ces derniers bataillent dur pour conserver la gestion des structures de santé, souvent financées par les États. La crise économique est passée par là : les pouvoirs publics ont décidé que les établissements seraient gérés comme des entreprises privées.

Une personne prend en charge cette délicate mission : il s’agit du gestionnaire d’hôpital, qui est soit un médecin ayant suivi un cursus de gestion, soit un gestionnaire qui découvre l’univers de la santé. Compétences attendues : être capable d’anticiper les enjeux de l’économie de la santé, savoir porter de gros projets, être apte à la concertation, à la négociation, au management… Le gestionnaire d’hôpital est chargé des ressources humaines, du budget et de la logistique. Il doit par ailleurs imaginer des solutions permettant de mobiliser et de diversifier les sources de financement.

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En termes d’évolution de carrière, le gestionnaire d’hôpital débutant se voit d’abord confier une structure départementale, puis régionale, et peut envisager, au bout de dix ans, de rejoindre une entité plus importante, comme un centre universitaire hospitalier (CHU). Dans les établissements des grandes villes, il peut d’abord gérer une unité ou un service, et avoir sous sa responsabilité une quinzaine de personnes.

Débutants bienvenus

En Afrique, des formations de gestionnaires d’hôpital se mettent progressivement en place. Ainsi à Dakar, l’Institut supérieur de management de la santé (ISMS, une entité du Centre africain d’études supérieures en gestion) recrute sur concours des étudiants à bac + 4, issus non seulement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), mais aussi de toute l’Afrique francophone, jusqu’à Madagascar. Outre le niveau, c’est le projet professionnel du candidat qui fait la différence. Les personnes retenues ont souvent une première expérience du management de structures de santé, mais les débutants sont aussi les bienvenus. Le programme prévoit des cours relatifs à la santé : épidémiologie, économie, management…

Pour un coût de quelque 3 millions de F CFA (environ 4 575 euros), le cursus se déroule sur douze mois, dont quatre sont consacrés à un stage. L’institut accueille parfois des groupes, dont la formation est prise en charge par des organismes tels que la Banque africaine de développement (BAD, 26 Maliens formés en 2003) ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 16 Mauritaniens). Mais ses effectifs restent faibles, certaines promotions comportant moins de cinq élèves. L’ISMS envisage en outre la création de deux nouveaux programmes, l’un en alternance, l’autre à distance, en partenariat avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (Canada).

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Généralement, les gestionnaires d’hôpitaux formés à l’ISMS s’insèrent plutôt bien. Cadres supérieurs rémunérés entre 250 000 et 400 000 F CFA par mois suivant les pays, ils intègrent généralement le secteur public, mais sont aussi demandés dans les ONG. Dans les pays où il n’existe pas de formation spécifique, lorsqu’ils sont nommés comme gestionnaires, certains médecins suivent des programmes courts dans des écoles nationales d’administration ou des écoles normales. 

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