Congo : la french connection du rap
Depuis le début des années 1990, la diaspora congolaise s’est imposée sur la scène hip-hop francophone. Un son, et des mots, qui résonnent en Europe comme en Afrique.
Congo : poussée de croissance
Au Congo, comme dans d’autres pays africains, le rap n’est pas né dans le ghetto. Il a vu le jour dans les banlieues des grandes villes où les gamins recevaient dès le début des années 1990 les cassettes envoyées par les « cousins » de France.
Mais en dépit de l’apparition, dès cette époque, des premiers groupes (dont Warriors for the Peace), la scène rap demeure longtemps underground. Elle est ostracisée en raison de sa réputation de « musique de voyou », mais pâtit aussi du manque de structures. Ce n’est qu’après la guerre civile que la situation se détend : les concerts se multiplient à Brazzaville et à Pointe-Noire et, chaque année, les rappeurs congolais montent sur la scène du Festival panafricain de musique (Fespam), qui se déroule à Brazzaville.
Virtuoses de la parole
Émigrés en France depuis leur petite enfance, des Congolais comme Passi (Ministère A.M.E.R.) ou encore les duos Ärsenik et Nèg’Marrons, qui mènent de brillantes carrières dans l’Hexagone, créent alors l’événement en fondant, en 1998, le collectif Bisso Na Bisso (« entre nous » en lingala). Mettant en avant leurs racines congolaises, mêlant la musique traditionnelle de leur enfance à leur vécu urbain, les membres du collectif réinventent le son d’une diaspora moderne.
Un rap à l’africaine en forme de réunion de famille qui fait mouche dans leur pays natal : via les radios et les chaînes musicales, le rap débarque en grande pompe, passant du rang de genre confidentiel au succès populaire. Reçu dans toutes les capitales, récompensé en 1999 lors des African Kora Music Awards, Bisso Na Bisso organise des concerts à travers le continent et stimule la scène locale en invitant des rappeurs congolais en première partie de ses prestations. De son côté, le Centre culturel français de Brazzaville multiplie les événements dédiés à la musique urbaine : le rap est définitivement installé dans le paysage local.
Cette montée en puissance ne s’arrêtera plus. Et même si l’attitude féroce de la scène locale, qui dénonce sans détours corruption politique et inefficacité des services publics, contraste parfois avec le climat de fête qui habite les réunions du Bisso Na Bisso, le rap français demeure un stimulant.
Abd Al Malik, star du slam français qui a passé une partie de son enfance à Brazzaville, multiplie lui aussi les concerts en terre congolaise, tandis que le Français d’origine marocaine DJ Cut Killer repère et enregistre quelques artistes locaux sur ses mixtapes. Le Franco-Sénégalais Booba ne cache plus son bonheur de venir jouer à Brazzaville, et l’on croise régulièrement les deux frangins d’Ärsenik, Lino et Calbo, dans les boîtes de nuit de la capitale. Tout autour se développe une scène congolaise solide, dans le sillage de Scotty Mavula, Secta 15, Westaff ou encore Butène, tandis que des pionniers comme Rosh Bantu (aujourd’hui installé en France) soutiennent la production locale en publiant mixtapes et albums. La dynamique est installée.
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