Belgique : espoir et repos forcé

Des pourparlers ont été engagés entre huit partis – à l’exclusion des extrémistes flamands du N-VA – en vue de former un gouvernement. Enfin ! Après quinze jours de vacances sans doute méritées, les négociateurs sont désormais à pied d’œuvre.

Le roi Albert II et la reine Paola à Bruxelles, le 21 juillet, jour de la fête nationale. © Reuters

Le roi Albert II et la reine Paola à Bruxelles, le 21 juillet, jour de la fête nationale. © Reuters

Fouad Laroui © DR

Publié le 19 août 2011 Lecture : 3 minutes.

Un décret royal qui envoie tout le monde en vacances ? On résiste à la tentation d’en faire une histoire belge. En l’occurrence, c’est même une initiative très raisonnable qu’a prise, il y a une semaine, le roi Albert II en indiquant dans un communiqué officiel qu’il « constate la fatigue des négociateurs et de leurs collaborateurs » et qu’il propose donc « une trêve jusqu’à la mi-août ». Fatigué, on le serait à moins : cela fait maintenant plus d’une année que les partis politiques belges essaient de trouver une solution au casse-tête né des élections législatives du 13 juin… 2010 – ce qui constitue un record mondial pour la formation d’un gouvernement.

Le communiqué royal ne laisse cependant pas d’étonner puisqu’il intervient à un moment crucial : on voit enfin apparaître une lueur d’espoir dans ce feuilleton interminable qui a amené plus d’un Belge à désespérer de l’avenir de son pays. Prenant acte du fait qu’il est quasi impossible de former une coalition au niveau fédéral avec Bert De Wever, le leader du parti flamand N-VA (Alliance néoflamande) qui a gagné les élections du côté néerlandophone, Elio Di Rupo, le chef du Parti socialiste (PS, francophone), a réussi à convaincre huit partis de négocier en vue de former un gouvernement sans le N-VA. Un pari risqué mais jouable.

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Quadrature du cercle

Gouverner sans le grand vainqueur des élections peut sembler contraire à l’esprit de la démocratie, mais on voit mal comment faire autrement : le programme du N-VA, si on le prend à la lettre, revient à faire éclater la Belgique. Comment trouver des partenaires pour une tâche qui s’apparente plus à un enterrement qu’à une volonté de gérer ensemble le pays ? Un compromis proposé malgré tout par Di Rupo a été rejeté, début juillet, par le N-VA et les chrétiens-démocrates du CD&V : il faisait, selon eux, la part belle aux francophones.

Ce qui est nouveau et permettrait enfin de sortir de l’impasse, c’est que ce même CD&V semble maintenant prêt à entrer dans une grande coalition qui exclurait le N-VA. Le chef du CD&V, Wouter Beke, a toutefois exigé que certaines mesures préconisées par Di Rupo et qui sont à ses yeux trop favorables aux francophones soient tout de suite retirées de la table des négociations.

Le chef du PS a quant à lui indiqué que les tractations commenceraient par le dossier le plus épineux, celui de la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. On comprend que les négociateurs aient besoin de repos avant de s’attaquer à ce qui ressemble à la quadrature d’un cercle bilingue : les dix-neuf communes de Bruxelles forment, avec trente-cinq communes flamandes environnantes, l’arrondissement judiciaire (et la circonscription électorale) de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou BHV. Bruxelles, officiellement bilingue, est à la fois la capitale de la Belgique et de la Flandre, mais non celle de la Wallonie (dont la capitale est Namur). Elle est donc enchâssée dans ce BHV en dépit de toute logique. Mais comment extirper Bruxelles de BHV sans remettre en cause de très délicats équilibres budgétaires, démographiques et institutionnels ? Faudra-t-il établir un « couloir » entre elle et la Wallonie, après la scission ? Et qui paiera pour tout cela ?

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Au regard des marchandages ardus qui se profilent à l’horizon, il était peut-être nécessaire d’obliger chacun à reprendre son souffle, quitte à ne pas profiter de la dynamique créée par l’annonce sensationnelle d’une éventuelle coalition à huit sans le N-VA. La Belgique va-t-elle enfin sortir de l’ornière où elle s’est embourbée le 13 juin 2010 ? En tout cas, les négociateurs rentrent de vacances, bronzés et reposés…

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