Sénégal : chic, cher et en vitrine !

Le Sénégal d’Abdoulaye Wade voit prospérer une certaine classe d’hommes et de femmes d’affaires richissimes. Et qui savent le montrer.

Le Radisson Blu a ouvert en 2009 sur la corniche de Dakar. © The rezidor hotel group

Le Radisson Blu a ouvert en 2009 sur la corniche de Dakar. © The rezidor hotel group

cecile sow ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 2 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

La nouvelle vie des riches
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La nouvelle vie des riches

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Il suffit de flâner dans le tout nouveau mall de Dakar, le Sea Plaza, pour remarquer la tendance : loisirs, habillement, cosmétiques… Les grandes marques ont désormais leurs boutiques sur le continent. « L’Oréal a, par exemple, ouvert un bureau au Sénégal avec un représentant », confirme un consultant dakarois. Si les prestigieuses maisons, comme Louis Vuitton, sont encore absentes des vitrines, les marques intermédiaires telles que Hugo Boss ou Guess trouvent, elles, un public. À leurs côtés, le luxe made in Dubai est bien présent, favorisé par les dessertes aériennes régulières. Idem pour les parfums haut de gamme, qui, peu à peu, quittent les duty free pour remplir les rayons des magasins de Dakar. Un phénomène que l’on retrouve dans toutes les capitales africaines. Autre secteur bénéficiaire, l’automobile. BMW, Mercedes… « Les ventes progressent car le pouvoir d’achat croît », assure Edward Gonfray, responsable de la marque Mercedes-Benz pour le Sénégal, le Mali et la Guinée.

Mais le luxe, ce n’est pas seulement acheter, c’est aussi se montrer. Les champs de courses hippiques en Afrique de l’Ouest deviennent prisés par la haute société. À tel point que le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a annoncé en juin la construction d’un hippodrome national non loin de Dakar. Les courses hippiques sont l’occasion de parader, paré de ses plus beaux habits griffés. Le vin à bulles a également la cote. Moët & Chandon, Laurent Perrier… les grandes marques françaises deviennent indissociables des cocktails, des mariages guindés et autres apéritifs d’une classe supérieure en quête de produits d’exception.

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Autres événements où s’afficher : les concours de poker. La 3e édition du Dakar Poker Tour, organisé à l’hôtel Terrou-Bi en janvier, a réuni quelque 130 joueurs, qui ont payé la bagatelle de 1 million de F CFA (1 500 euros) pour y participer.

À quelques pas du Terrou-Bi, hommes d’affaires et Sénégalaises aisées aiment également venir profiter de la plus belle piscine de Dakar le temps d’un week-end, dans l’hôtel 5 étoiles Radisson Blue, construit par le millionnaire Yérim Sow. Les berlines de luxe garnissent le parking, le temps de discrètes soirées VIP. Non loin, le projet immobilier haut de gamme Water Front, autre œuvre du businessman, achèvera de faire de la Corniche un lieu prisé des classes supérieures.

Ahmed Khalifa Niasse : riche et sans complexe

C’est un riche sympathique. Ahmed Khalifa Niasse répond toujours lui-même au téléphone. Mieux, il n’hésite pas à faire étalage de sa fortune, qui s’élève selon lui à 100 millions de dollars (68 millions d’euros). L’une des plus grosses richesses du Sénégal…

Niasse possède plusieurs sociétés implantées à Dubaï et spécialisées dans l’immobilier, le tourisme, l’aviation. Il siège au conseil d’administration de la Foras International Investment Company (filiale de l’Organisation de la conférence islamique) et détient de nombreux titres fonciers. Mais il est surtout un lobbyiste hors pair. « J’introduis des sociétés et des hommes d’affaires dans les pays africains et arabes, et je touche des commissions », lance-t-il sans autre précision. « Dans mon métier, la clé du succès est la discrétion ! » ajoute celui qui dit avoir ouvert les portes des palais des Émirats arabes unis au président Abdoulaye Wade.

Actuellement, son plus grand projet est la construction, pour un montant de 30 millions de dollars, d’un complexe immobilier de luxe à Conakry (Guinée). « Il y a quelques années, j’ai emménagé dans l’une de mes villas aux Almadies [quartier huppé, NDLR], mais je n’y suis pas resté car je m’y sentais seul », explique ce sexagénaire polygame, père d’une vingtaine d’enfants dont plusieurs font d’« excellentes études dans de grandes universités étrangères, car c’est aussi à cela que sert l’argent ».

À l’heure où la rue gronde, il ne se sent nullement menacé. « En tant qu’Africain, cela m’enchante de montrer qu’on peut devenir riche en étant honnête, s’enthousiasme-t-il. Je n’ai pas profité du régime », précise-t-il bien que son parti, le Front des alliances patriotiques, a fait partie de la mouvance présidentielle et qu’il fut un temps conseiller du chef de l’État.

Niasse, qui est issu d’une famille de marabouts respectée (confrérie des Niassènes), affirme « côtoyer l’argent, mais ne pas le porter dans son cœur ». Il n’en apprécie pas moins les objets de valeur tel son téléphone en or Vertu, mis en vente à 30 000 euros par le joaillier Boucheron. Niasse l’a expédié récemment à Paris pour un nettoyage en profondeur.

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