Rue princesse : la fin d’un mythe ivoirien

En rasant les maquis et les boîtes de nuit de la rue Princesse, le gouvernement d’Alassane Ouattara a pris le risque de s’attaquer à un mythe qui a traversé les époques et les régimes.

Un bar de la « rue Princesse », le 14 mai 2011 dans le quartier de Yopougon, à Abidjan. © Sia Kambou/AFP/Archives

Un bar de la « rue Princesse », le 14 mai 2011 dans le quartier de Yopougon, à Abidjan. © Sia Kambou/AFP/Archives

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Publié le 25 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Des gravats entassés dans un coin, des tôles froissées, des hommes qui enlèvent des planches jonchant l’entrée du Métropolis… Ce 10 août, la rue Princesse ressemble à un champ de bataille. Seul vestige du passé : l’enseigne lumineuse du night-club. Devant le Cyclone Bar, une ex-serveuse pleure bruyamment son emploi perdu. Cinq jours plus tôt, dans le cadre de l’opération « Pays propre », lancée par le gouvernement et qui vise à démolir toute construction « anarchique » aux abords des routes, un bulldozer furieux a mis brutalement fin à un mythe vieux de deux décennies.

L’histoire de la rue Princesse commence en 1990. Doukouré Moustapha, alors maire de Yopougon, veut créer un lieu de rassemblement pour les noceurs de la « commune de la joie ». Il choisit une vallée de 2 km, située entre les carrefours Keneya et Bel Air, et baptise cette rue… Princesse. Les atours de la belle ? Boissons à gogo, mets locaux en abondance, musiques à déchirer les tympans, ambiance de fête permanente, mais aussi drogue, insalubrité et prostitution dans les maquis, les bars et les night-clubs. « Dans les années 1990, se souvient Serge-Alex Bléhiri, un journaliste culturel, c’était le passage obligé des artistes zouglou, surtout après la sortie, en 1993, du film Rue Princesse, d’Henri Duparc. » Certains maquis (le Pouvoir, la Nouvelle Écriture) deviennent des lieux de rendez-vous incontournables. Très courtisée à la tombée de la nuit, la Princesse est fréquentée par des milliers d’Abidjanais et de touristes.

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Un petit tour

En 2002, en plein conflit armé, de nouvelles attractions font leur apparition. Disc-jockeys également chanteurs de coupé-décalé, bars VIP avec salons privés, écrans plasma… la rue acquiert une renommée internationale qui pousse l’ambassadeur des États-Unis en Côte d’Ivoire à y faire un petit tour. En mars 2008, le président Laurent Gbagbo et Jack Lang, l’ancien ministre français de la Culture, s’offrent une virée nocturne controversée au Queens ; la rue Princesse, qui fait pourtant partie du patrimoine culturel ivoirien, tombe alors sous le feu des critiques. Le 5 août, le mythe a volé en éclats. Mais les travaux de réfection de certains bars qui commencent portent déjà à croire que la légende n’est pas terminée. 

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