Côte d’Ivoire : CPI, l’arme à double tranchant

Sollicitée par Alassane Ouattara, pressée par le procureur Luis Moreno-Ocampo, la Cour pénale internationale (CPI) se penche sur la période postélectorale. Les camps du nouveau président et de Laurent Gbagbo sont sur la sellette.

Laurent Gbagbo, le 2 mai dernier, à Korhogo, où il est maintenu au secret depuis son arrestation. © Sia Kambou/AFP

Laurent Gbagbo, le 2 mai dernier, à Korhogo, où il est maintenu au secret depuis son arrestation. © Sia Kambou/AFP

Publié le 16 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Le procureur Luis Moreno-Ocampo fera tout pour envoyer Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI). Pour les spécialistes, cela ne fait aucun doute. La machine est lancée après que le président Ouattara a par deux fois, en décembre et en mai, écrit au magistrat argentin pour que la Cour vienne constater les crimes commis depuis le 28 novembre 2010. Moreno-Ocampo a demandé, le 23 juin, l’autorisation des juges de la CPI afin d’ouvrir une enquête sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Côte d’Ivoire. Il a aussi dépêché une mission de son bureau à Abidjan pour prendre contact avec les autorités. Et lancé un appel à témoignages qui s’est soldé par plus de 500 réponses.

Le rapport contenant ces informations sera examiné début septembre par la chambre préliminaire de la CPI, qui décidera ou non d’ouvrir l’enquête. Si les éléments de preuve recueillis sont concluants, Moreno-Ocampo demandera, avant la fin de l’année, aux juges de délivrer des citations à comparaître ou des mandats d’arrêt internationaux contre « les personnes qui semblent porter la responsabilité la plus lourde ».

la suite après cette publicité

L’origine de la guerre

Dans le camp Ouattara, on espère que le procureur inculpera Laurent et Simone Gbagbo mais aussi Charles Blé Goudé, le leader des Jeunes patriotes. « Des crimes ont été commis par les deux forces belligérantes, explique Me Jean-Paul Benoit, mandaté – avec Me Jean-Pierre Mignard – par Ouattara. Mais il ne faut pas oublier que le camp Gbagbo est à l’origine de la guerre en refusant sa défaite électorale, en attisant la haine des miliciens ainsi qu’en réprimant les manifestations pacifiques dans le sang. »

Du côté de l’ancien président, la défense s’organise. Me Ciré Clédor Ly, avocat sénégalais, a déposé le 25 juillet des requêtes devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) afin d’obtenir la libération des époux Gbagbo, l’interdiction de toute poursuite et leur rétablissement dans leurs droits.

Le camp Gbagbo dénonce aussi les crimes commis par les forces pro-Ouattara et souligne l’implication de la France, des États-Unis et des Nations unies dans la crise. Le volet juridique du dossier CPI a été confié à Me Emmanuel Altit, qui a notamment défendu les infirmières bulgares poursuivies par la justice libyenne. « La CPI pourrait, comme le demandent les ONG, remonter aux exactions commises par la rébellion depuis septembre 2002 », suggère-t-il. Pour la partie adverse, il faut éviter de replonger trop loin dans le passé alors que les autorités tentent d’incorporer les anciens chefs rebelles dans l’armée régulière ou de les mettre à la retraite. 

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Ultime jour de gloire, le 4 décembre 2010, lors de « l’investiture » de Gbagbo. © Emilie Régnier/J.A.

Côte d’Ivoire : la vie des Gbagbo après la chute

Laurent Gbagbo le 2 mai 2011 à Korhogo. © AFP

Côte d’Ivoire : la CPI doit ouvrir une enquête prochainement

Contenus partenaires