Égypte : Moubarak face à son peuple

Le procès de l’ancien président s’est ouvert le 3 août au Caire. Pure mascarade ou moment historique ?

Hosni Moubarak lors de son procès au Caire, le 3 août 2011. © AFP

Hosni Moubarak lors de son procès au Caire, le 3 août 2011. © AFP

Publié le 4 août 2011 Lecture : 2 minutes.

« Jamais je ne prendrai de décision qui mette en danger la vie des citoyens égyptiens », avait promis Hosni Moubarak le 23 janvier, lors d’un discours prononcé à l’Académie de police. Ironie de l’histoire : accusé du meurtre de 850 manifestants, le dictateur déchu sera jugé dans cette même Académie, dans le même amphithéâtre.

Avec toutes les rumeurs qui couraient sur l’état de santé de l’ancien président (83 ans), les Égyptiens ne croyaient plus à un procès. Et pourtant, le 3 août, rivés à leur poste de télévision, ils l’ont vu faire son entrée dans le box des accusés accompagné de ses deux fils, Alaa et Gamal, ainsi que de Habib al-Adly, son ministre de l’Intérieur, et de six de ses adjoints. Inculpés pour corruption, détournement de fonds publics et abus de pouvoir, ils devront en outre répondre du meurtre des manifestants de la révolution du 25 janvier. « Je réfute totalement toutes ces accusations », a déclaré Moubarak d’une voix forte à la fin de l’audience.

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Un procès historique?

C’est la première fois qu’un chef d’État arabe est ainsi assigné en justice par son peuple. Le Tunisien Ben Ali a eu la présence d’esprit de fuir en Arabie saoudite, ce que Moubarak – inconscience ou arrogance ? – n’a pas fait. Quant à l’Irakien Saddam Hussein, sa chute avait été entièrement orchestrée par les Américains. Un procès symbolique donc, qui vient prouver que personne n’est au-dessus de la loi. Pas même le « père de la nation ».

Le doute subsiste, cependant, quant à la crédibilité de ce procès. Certains y voient une mise en scène dont l’unique but est de susciter la compassion des Égyptiens, quelques jours après le début du mois de ramadan. L’ancien raïs a fait son apparition allongé sur une civière et, durant toute l’audience, son fils Gamal s’est tenu debout à ses côtés, un Coran à la main. Un procès mascarade ? Possible, à en juger par la mine réjouie de Gamal et d’Alaa, sourire en coin à leur sortie de l’Académie, serrant la main des militaires et des policiers qui les guidaient respectueusement jusqu’au fourgon chargé de les ramener en prison. Leur père, lui, a été admis dans un centre médical international de la banlieue du Caire et placé sous bonne garde. En attendant la seconde audience, fixée au 15 août.

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