« L’avenir de l’huile de palme est en Afrique »

Organisé par les producteurs locaux, le premier Congrès africain de l’huile de palme se tient du 10 au 13 juin à Abidjan. Avec comme objectif de créer une plateforme continentale d’échange et de contrer les attaques dont la filière fait l’objet. 

Une plantation d’huile de palme en Côte d’Ivoire. © AFP

Une plantation d’huile de palme en Côte d’Ivoire. © AFP

Julien_Clemencot

Publié le 11 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

Six mois après avoir obtenu le retrait en France de la campagne de publicité des Magasins U contre l’huile de palme, l’Association des producteurs de Côte d’Ivoire (AIPH) a inauguré à Abidjan le 10 juin le premier Congrès africain de l’huile de palme. La cérémonie d’ouverture de l’évènement organisé à l’hôtel Ivoire a réuni outre les industriels du secteur, les ministres ivoiriens de l’Intérieur et de l’Agriculture, ainsi que de nombreux officiels ouest-africains venus du Liberia, du Ghana, de Guinée, du Congo Brazzaville… L’objectif de ce rendez-vous qui se prolongera jusqu’au 13 juin sera notamment de créer une plateforme d’échange au niveau continental.

Facteur de développement

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Lors de son intervention, le ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly, a rappelé que son pays ambitionne de figurer parmi les premiers producteurs mondiaux. L’objectif est de pratiquement doubler la production d’huile raffinée d’ici 2020 pour atteindre 600000 tonnes. Selon les données du département de l’agriculture américain, la Côte d’Ivoire se situe actuellement au deuxième rang africain (390 000 tonnes) pour l’huile brute, derrière le Nigeria (910 000 tonnes), mais très loin de la Thaïlande (2 millions de tonnes), de la Malaisie (19 millions de tonnes) et de l’Indonésie (28,5 millions de tonnes).

A l’issue des travaux du forum, une déclaration devrait en outre réaffirmer le rôle de cette filière comme facteur de développement. En Côte d’Ivoire, son chiffre d’affaires est estimé à plus de 500 milliards de F CFA. Elle emploie 200000 personnes et 75 % des superficies sont cultivées par des petits exploitants. Une dimension socio-économique que les acteurs du secteur jugent toujours injustement occultée par les campagnes de dénigrement orchestrée par les ONG et les lobby industriels concurrents comme celui du soja.

Controverses

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« Je reste très circonspect quant au lien systématique qui est fait en la culture du palmier à huile et la déforestation. La dégradation des forêts est très souvent antérieure à l’action des planteurs », confirme Alain Rival, coordinateur au centre de recherche agronomique français du Cirad. Aussi caricaturales soient-elles, ce sont les attaques des ONG qui ont obligé la filière à évoluer aussi vite, juge néanmoins le scientifique. Depuis 2004, une table ronde sur l’huile de palme appelée Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO) réunit les organisations non gouvernementales et les entreprises du secteur. En 2012, 15% de la production mondiale était certifiée par cet organisme qui s’attache notamment au respect de droits humains et environnementaux

Pour les industriels, loin d’être un risque pour la biodiversité, l’huile de palme est au contraire une opportunité de limiter l’impact de la croissance des besoins en matière grasse, estimée à 150 millions de tonnes de supplémentaires en 2050. « Grâce à sa productivité bien supérieure aux autres huiles végétales , l’huile de palme pourrait permettre d’économiser une superficie presque équivalente à celle de l’Inde », indique Pierre Bois d’Enghein, responsable développement durable du groupe industriel Socfinco.

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Une opinion partagée par les experts de la Banque mondiale. En avril 2011, ses dirigeants ont d’ailleurs mis fin au moratoire sur sa participation au financement de la filière. « La Malaisie et l’Indonésie ne pourront pas répondre à l’évolution de la demande mondiale. L’avenir de l’huile de palme est en Afrique. Mais il reste encore beaucoup d’obstacles à son développement, notamment au niveau foncier », a rappelé le Docteur Touré, expert de la Banque mondiale. 

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