Malek Chebel et le Coran
Connu comme le penseur d’un « islam des Lumières », l’Algérien Malek Chebel prêche la modernité en contribuant à la vulgarisation de l’histoire et de la culture de l’islam. Ses derniers travaux : une nouvelle traduction du Coran et un « Dictionnaire encyclopédique du Coran ». Par Alain Mabanckou.
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Alain Mabanckou
Alain Mabanckou est écrivain et professeur de littérature francophone à UCLA (États-Unis). Depuis 2016, il occupe la chaire de création artistique au Collège de France.
Publié le 8 août 2011 Lecture : 2 minutes.
Chebel passe des études les plus savantes aux plus « légères ». Il s’intéressera aussi bien à l’alcool (Anthologie du vin et de l’ivresse en Islam, Pauvert, 2008), à l’érotisme (Le Kama-Sutra arabe, Deux mille ans de littérature érotique en Orient, Pauvert, 2006) ou encore au Coran, dont sa traduction en français vient de paraître en poche. Pourquoi une autre traduction ? Que nous apporte celle de Chebel ? Je m’étais aussi posé ces deux questions. Or Chebel nous avertit que même ceux qui maîtrisent la langue arabe sont conscients de la difficulté d’appréhender ce livre. Par conséquent, toute traduction devrait tenir compte de l’évolution des recherches sur l’analyse des textes, notamment l’étymologie de l’arabe ancien, la connaissance des traditions linguistiques de l’époque.
La traduction de Chebel se fonde donc sur l’esprit du Coran et « la mentalité de ses lecteurs », les musulmans, avec pour dessein d’illustrer que ce livre sacré est plus que jamais ancré dans la modernité au moment où l’islam « cherche sa place dans le cadre d’une mondialisation des échanges humains et d’une circulation rapide des idées ». En somme, on devrait multiplier les traductions pour être en harmonie avec l’évolution de nos sociétés sans, bien sûr, dénaturer, l’esprit de la « Révélation ».
La traduction du Coran est accompagnée du Dictionnaire encyclopédique du Coran, qui sort également en poche. On mesure le travail d’entomologiste entrepris par Chebel dans ce dernier ouvrage, un outil qui nous évite l’égarement et la confusion et nous éclaire sur les nuances contenues dans le Coran. Certains termes ont été « dénaturés » de nos jours. C’est le cas par exemple du mot « imam » signifiant actuellement « celui qui prend la tête de la prière dans une mosquée, dont il est souvent le recteur », alors que le Coran a une définition plus large désignant « la conduite d’un peuple », « direction que les prophètes Isaac et Jacob se virent confier par Dieu (XXI, 73) », ou encore « des conducteurs appelant à l’Enfer. Comme ce fut le cas pour Pharaon et ses armées (XXVIII, 41). »
Le Dictionnaire encyclopédique du Coran de Chebel est un appel au sens originel de la Parole pour que le livre sacré ne soit plus détourné.
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Le Coran, traduction de Malek Chebel, Le Livre de Poche, 736 pages, 6.50 euros.
Dictionnaire encyclopédique du Coran, de Malek Chebel, Le Livre de Poche, 560 pages, 6.95 euros.
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