Italie : Spider Truman, le vengeur masqué du web
Sur Facebook et Twitter, un mystérieux « justicier » masqué dénonce les magouilles des parlementaires. C’est le best-seller de l’été en Italie !
Capture d’écran du compte twitter de Spider Truman. © D.R.
Publié le 5 août 2011 Lecture : 2 minutes.
Un vengeur masqué hante les couloirs du palais de Montecitorio, siège du Parlement italien ! Qui est donc le mystérieux internaute qui fait trembler les élus du peuple en révélant les dessous de leur vie de château ? Un salarié licencié « après quinze ans de bons et loyaux services », comme il le prétend dans son profil Facebook, à la mi-juillet ? Ou un idéaliste dégoûté par les magouilles ? « Il ne s’agit pas pour moi d’informer ou de rendre les citoyens plus participatifs, j’agis par pur esprit de vengeance », rétorque froidement Spider Truman, comme il se fait appeler.
Quoi qu’il en soit, le nombre d’internautes qui trépignent d’impatience en attendant leur lot quotidien de révélations monte en flèche. Avec 250 000 contacts établis en moins de quinze jours, « Les secrets de la caste de Montecitorio » sont en passe de devenir le best-seller de l’été.
Au compte-gouttes
Spider Truman est maître dans l’art de distiller les secrets au compte-gouttes. Ayant reçu de Facebook l’injonction d’effacer les contenus de sa page, il a ouvert un blog et un compte sur Twitter. Ce qui lui a permis de multiplier les révélations. Et d’apporter quelques preuves pour les appuyer.
Il dénonce par exemple certains députés qui n’hésitent pas à déclarer « sur l’honneur » le vol de leur ordinateur afin de toucher l’assurance, alors que, dans la plupart des cas, l’appareil n’a nullement disparu. Pour obtenir une escorte policière, signe indiscutable de prestige, il suffit de quelques menaces de mort bien senties – fausses, bien sûr. Et ne parlons même pas de ces petits à-côtés qui rendent la vie si sympathique, comme les billets d’avion gratuits pour la famille et les amis, grâce au système de « points fidélité » offert par Alitalia. Ou les voitures de fonction utilisées par les épouses et les maîtresses des élus du peuple pour faire leur shopping.
Le plus grave est que cette affaire intervient dans un contexte social tendu. L’adoption d’un plan de rigueur destiné à redresser les comptes publics va se traduire par une baisse du pouvoir d’achat. Alors, les fredaines des parlementaires ne passent plus auprès des Italiens. Certains vont jusqu’à menacer de prendre d’assaut le Parlement ! Courageux mais pas téméraires, députés et sénateurs se déclarent désormais disposés à participer à l’effort collectif et à revoir à la baisse leurs passe-droits. On n’est pas obligés de les croire.
