Chine : accident de TGV, pire symbole du « Made in China »
Le tragique accident du TGV le 23 juillet dans la province du Zhejiang conduit à s’interroger sur la fiabilité du réseau ferré à grande vitesse, qui fait pourtant la fierté du régime.
Trois semaines à peine après l’inauguration en grande pompe de la ligne Pékin-Shanghai, le TGV chinois déraille. Le 23 juillet, un grave accident sur une ligne près de Wenzhou, dans l’est du pays (au moins 35 morts et plus de 210 blessés), a jeté une lumière crue sur les défaillances d’un réseau qui faisait pourtant la fierté du régime. Plusieurs responsables ont été évincés, et une enquête va être diligentée.
"La Chine contruit trop vite"
Officiellement, c’est un orage qui aurait déréglé les systèmes de sécurité. Mais de nombreux experts jugent l’explication un peu courte. Et c’est tout un système de développement qui est aujourd’hui remis en question.
« La Chine construit trop vite, assure le Pr Zhao Jian, de l’université Jiaotong, à Shanghai. C’est un réseau complexe, et les autorités n’ont pas pris le temps de réaliser les tests nécessaires. Je ne pense pas que notre pays devrait investir dans ce système de haute technologie. »
Zhao est un opposant de toujours au TGV chinois. Avant même ce tragique accident, il avait tiré la sonnette d’alarme, s’inquiétant notamment du coût exorbitant des investissements consentis. Pour construire 45 000 km de voies à grande vitesse, l’État aura déboursé en 2015 quelque 300 milliards d’euros ! « Un investissement qui est à porter au passif, et non à l’actif, du pays. Les lignes déjà inaugurées perdent en effet toutes de l’argent ; les trains sont vides », assure-t-il. La ligne Zhengzhou-Xi’an, par exemple, a été conçue pour transporter 37 millions de passagers par an. Or on en recense, pour l’instant, à peine 4 millions. À elle seule, la nouvelle ligne Pékin-Shanghai a coûté 23 milliards d’euros.
Symbole "Made in China"
Il faut dire que le TGV a accumulé les déboires. Liu Zhijun, le ministre des Chemins de fer, a d’abord été démis de ses fonctions pour corruption : il est accusé d’avoir détourné 104 millions d’euros, d’avoir entretenu une vingtaine de concubines et, surtout, d’avoir contribué à surestimer le potentiel du rail chinois. En lançant des travaux tous azimuts avec des matériaux de mauvaise qualité et du béton poreux, il a plombé l’ensemble de ce projet pharaonique.
Le TGV chinois était censé rouler à 380 km/h. Or sa vitesse ne dépasse pas 300, voire 250 km/h. « Pour des raisons de sécurité », dit-on aujourd’hui. En fait, il semble bien que les fondations ne tiennent pas le choc. Ajoutez à cela les retards à répétition, les pannes incessantes et, pour couronner le tout, le tragique accident du 23 juillet : vous comprendrez pourquoi ce qui devait être l’un des fleurons de l’industrie nationale est aujourd’hui le pire symbole du « made in China ».
Mauvais copier-coller
Pourtant, la propagande du régime s’obstine à parler d’un accident lié à la foudre. Pis, elle accuse aussi le groupe canadien Bombardier, qui, en 2009, a remporté un appel d’offres de 2,76 milliards d’euros pour la construction de quatre-vingts TGV, d’avoir bâclé le travail. Même chose pour le matériel roulant et informatique fourni par l’allemand Siemens, aujourd’hui pointé du doigt.
On découvre ainsi que ce train prétendument made in China n’est en fait qu’un mauvais copier-coller des technologies occidentales. Zhou Yimin, un ancien haut responsable du département de la technologie au ministère, se répand en accusations dans la presse. Il accuse les autorités d’avoir développé ces lignes à grande vitesse « grâce à l’acquisition de technologies étrangères poussées au-delà des limites de fiabilité par les ingénieurs locaux » ; et doute même de la viabilité à long terme du réseau. Un réseau que la Chine rêvait pourtant en concurrent du fameux Shinkansen japonais et dont elle espérait vendre la technologie en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et même aux États-Unis. Une ambition aujourd’hui au point mort.
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