George Ferreira : « Un smartphone à moins de 50 dollars, ce n’est pas pour demain »

Le géant sud-coréen Samsung compte capitaliser sur le lancement du Galaxy S4, son modèle haut de gamme, pour conforter son avance sur le marché très convoité des téléphones connectés à internet. Entretien avec le directeur général de Samsung Electronics Africa.

Selon le dirigeant, le S4 a connu trois fois plus de succès que le S3 à sa sortie en Afrique. © Samsung

Selon le dirigeant, le S4 a connu trois fois plus de succès que le S3 à sa sortie en Afrique. © Samsung

Publié le 17 juin 2013 Lecture : 4 minutes.

Au fur et à mesure que la 3G se déploie et que le prix des appareils baisse, les smartphones gagnent du terrain. Une tendance particulièrement sensible en Afrique de l’Ouest, où le nombre de téléphones vendus a été multiplié par trois ces derniers mois. Le leader mondial de la téléphonie mobile compte bien profiter de cette demande. Signe des temps : depuis 2010, au Cap, le Samsung Africa Forum lui permet, entre autres, de présenter ses produits spécifiquement africains. État de la concurrence, guerre des prix, relations avec les opérateurs… George Ferreira, vice-président et directeur général de Samsung Electronics Africa, détaille les perspectives du groupe sur le continent, qui mise plus que jamais sur le potentiel de ce marché, alors que le taux de pénétration des smartphones demeure inférieur à 20 %.

Propos recueillis par Gemma Ware – The Africa Report

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Jeune Afrique : Le Galaxy S4 a été lancé fin avril en Afrique du Sud puis en Afrique de l’Ouest. Comment a-t-il été accueilli ?

George Ferreira : Les smartphones haut de gamme font vraiment rêver tout le monde. La demande émanant des distributeurs, du grand public et de nos partenaires a été phénoménale. Si je la compare à celle qui a suivi le lancement du Galaxy S3 en juin 2012, elle apparaît trois fois plus importante à travers le continent pour le S4.

Quel est le modèle le moins cher que vous vendez actuellement sur le continent ?

Notre modèle le plus abordable est le Galaxy Pocket. En Afrique du Sud, on peut déjà se le procurer pour 100 dollars [77 euros]. Ailleurs sur le continent, il coûte plutôt entre 110 et 120 dollars. Mais il est certain que tout au long de l’année, le prix des smartphones d’entrée de gamme va baisser. Les successeurs du Galaxy Pocket – le Galaxy Neo et le Galaxy Star, qui sont commercialisés depuis le mois d’avril – vont bénéficier d’un positionnement plus agressif sur le marché, et leur prix avoisinera les 100 dollars.

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Un smartphone à moins de 50 dollars, est-ce utopique ?

Cette perspective n’est pas pour demain, que ce soit chez Samsung, Apple, Nokia, BlackBerry, HTC ou Sony. Du côté des fabricants asiatiques, il se peut que leurs prix descendent à 50 dollars, mais je ne peux juger de la qualité, de l’expérience ou des services qu’ils pourraient offrir sur de tels produits.

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Les taxes sur les smartphones représentent-elles encore un obstacle pour vous ?

La taxation des appareils intelligents tels que smartphones et tablettes, mais aussi mobiles de base, varie d’un pays à l’autre. Elle a bel et bien un effet négatif sur les ventes et encourage le marché gris [canaux de distribution légaux, mais pas autorisés par le distributeur original] et la contrebande, en invitant à contourner les autorités locales. Ce qui freine la création d’emplois et tout ce qui l’accompagne. Les taxes sur les smartphones devraient être allégées, comme nous l’avons vu au Ghana, où elles sont minimes et où le marché a réellement décollé. Mais celles qui portent sur les tablettes sont toujours très élevées, et leur marché a tendance à stagner.

Notre objectif est de réaliser 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici à 2015.

Quelles sont vos ambitions continentales ?

Notre objectif est de réaliser un chiffre d’affaires de 10 milliards de dollars d’ici à 2015 et nous sommes en bonne voie pour y parvenir. Nos activités télécoms, au niveau du continent comme au niveau mondial, représentent plus de la moitié de nos résultats.

En Afrique, vos activités télécoms vont-elles supplanter vos autres secteurs ?

Si les ordinateurs portables et les tablettes pouvaient également coûter 100 ou 150 dollars, leurs ventes exploseraient aussi. Mais ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, le seul appareil qui permette à une large clientèle de se connecter à internet, c’est le smartphone, qui demeure l’outil préféré du grand public.

Nokia, Huawei ou HTC sont-ils des concurrents plus directs, du fait d’une moindre présence d’Apple sur le continent ?

Sur le segment haut de gamme, avec le lancement du S4, je pense que nous avons pour concurrents tous les smartphones de même rang déjà commercialisés : l’iPhone 5 d’Apple, le Nokia Lumia 920, les BlackBerry Z10 ou Q10, le HTC One, le Sony Experia 1. Pour l’entrée de gamme, les choses sont différentes. Tout dépend du caractère abordable du produit, et non du produit lui-même. Sur ce créneau, nous avons lancé le Neo et le Star. Ils sont concurrencés par des smartphones de marques chinoises comme ZTE, Huawei, Lenovo et Techno. Tout se joue ici clairement sur le prix. Nous avons des concurrents sur tout notre portefeuille de produits, mais aucune société ne se détache comme étant notre principal concurrent en Afrique. Toutes celles qui opèrent dans la téléphonie mobile sur le continent se livrent une concurrence féroce.

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Quelles sont vos relations avec les opérateurs ?

Si je considère le lancement du S4, elles sont extrêmement bonnes. Lorsque nous avons lancé le S3, peu d’opérateurs sur le continent souhaitaient être livrés directement par Samsung pour vendre ce modèle. Les choses ont changé depuis. Dans chaque pays ou presque, l’opérateur dominant – voire l’ensemble des opérateurs présents – nous a contacté afin de recevoir un exemplaire du S4 lors de son lancement. En Afrique, le succès des précédents modèles Galaxy a été tel que les opérateurs ont fini par proposer directement ces produits à leurs clients.

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