Madagascar : Rajoelina accélère
Le président de la transition malgache Andray Rajoelina veut des élections au plus vite pour sortir de la crise. Une stratégie qui n’est pas sans risques.
Fini la valse-hésitation. Andry Rajoelina, le président de la Haute Autorité de la transition de Madagascar, a tranché : la feuille de route élaborée en début d’année par le médiateur de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui fait la part belle au jeune président, sera signée début août, et des élections locales suivront. Tant pis si le document, rejeté par les mouvances des trois anciens présidents (Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy), continue de ne pas faire l’unanimité, et si un point – le retour de Marc Ravalomanana, exigé par la SADC – est sujet à plusieurs interprétations. « Si on attend d’être tous d’accord, on n’y arrivera pas », explique un proche de Rajoelina.
La seule solution pour en finir avec cette crise, estime le jeune président, est d’organiser des élections. Il peut compter pour cela sur le soutien de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui lui a promis un appui technique.
Faire-valoir
Mais en annonçant la signature de la feuille de route en lieu et place de la SADC, Rajoelina prend le risque de fâcher une institution qui était en passe de basculer en sa faveur. Il pourrait également s’aliéner certains de ses soutiens. Certains parlementaires de la transition ont dénoncé le peu de cas que le président et son entourage accordent à leur assemblée. « Ils annulent des rencontres au dernier moment, ne nous consultent pas sur l’ordre du jour… Nous servons de faire-valoir », se désole l’un d’eux.
Le 22 juillet, six groupements politiques sur les huit qui avaient paraphé la feuille de route il y a cinq mois se sont démarqués du président, à l’occasion de la signature d’un « pacte républicain » que le régime doit signer début août. Même Raharinaivo Andrianatoandro, le président du Congrès de la transition – le plus célèbre des ex-lieutenants de Ravalomanana passés du côté de Rajoelina –, a critiqué l’exécutif. Il s’est ainsi étonné que le gouvernement privilégie la tenue d’élections plutôt que l’adoption d’autres projets de loi qu’il juge essentiels tels que l’amnistie ou le statut de l’opposition.
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