RDC : petits arrangements et grandes manoeuvres pour la présidentielle
La présidentielle de RDC prévue pour le 28 novembre est loin d’être gagnée d’avance pour Joseph Kabila, comme l’a prouvé l’annonce de la candidature de Jean-Pierre Bemba, toujours détenu à La Haye. Mais ce n’est pas tout…
Face à une opposition dispersée, un boulevard semblait s’ouvrir devant le président de RDC Joseph Kabila, (très) probable candidat à sa propre succession le 28 novembre prochain. Mais en un week-end, quatre événements ont démontré que rien n’était acquis.
Du côté de l’opposition, Jean-Pierre Bemba a créé la surprise en annonçant sa candidature à la présidentielle depuis la prison de la Cour pénale internationale à La Haye, où, accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il est détenu depuis trois ans. Aussitôt dit, aussitôt fait. Réuni en congrès à Kinshasa, les 23 et 24 juillet, le Mouvement de libération du Congo (MLC) l’investissait candidat officiel, après l’avoir reconduit pour cinq ans à la tête du parti. Bemba a-t-il des chances d’être acquitté et libéré à temps ? Pour ses partisans, cela ne fait pas de doute. De toute façon, s’il veut encore exister sur la scène politique et avoir des représentants au Parlement, le MLC a besoin de Bemba. Rien de mieux, en effet, que d’utiliser l’image du « chairman », fût-ce en martyr, pour faire campagne.
Pour l’opposition, éviter l’ordre dispersé
Étienne Tshisekedi, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui s’obstine à vouloir être le candidat unique de l’opposition, a été de nouveau invité à revoir sa copie. « L’invitation » est, cette fois, venue de Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat, qui a officiellement lancé, le 24 juillet, son Union des forces du changement (UFC) au stade des Martyrs, à Kinshasa, en présence de nombreux leaders de l’opposition. Insistant sur la nécessité de ne pas aller en ordre dispersé à la présidentielle, Kengo a été clair : pas de candidature unique autoproclamée, mais un candidat commun, choisi de manière consensuelle sur la base d’un programme concerté. Le seul moyen, selon lui, de conquérir le pouvoir – Parlement inclus. Lors de ce meeting, Kengo ne s’est pas déclaré candidat à la présidentielle. Et s’il se présente, ce qui n’est pas exclu, ce ne sera pas sous la bannière de l’UFC, mais d’une plateforme plus large, actuellement en gestation. Il a jusqu’au 4 septembre, date de clôture du dépôt des candidatures à la présidentielle, pour se décider.
Portes de sortie
En lançant sa plateforme, l’Alliance pour le développement et la République, le 23 juillet, François Muamba, déchu de son poste de secrétaire général du MLC en avril dernier, a voulu démontrer à son ancien parti qu’il existait toujours. Reste que beaucoup se demandent s’il ne chercherait pas à se ménager plusieurs portes de sortie, compte tenu des louanges qu’il a faites au début de son discours sur les réalisations du régime en place.
Du côté de la majorité présidentielle, Antoine Gizenga, ancien Premier ministre et leader du Parti lumumbiste unifié (Palu), a aussi créé la surprise, le 23 juillet. Non pas en annonçant que le Palu ne présentera aucun candidat à la présidentielle, mais en déclarant qu’il soutiendra le « candidat nationaliste de gauche », sans pour autant le nommer. Une manière, peut-être, de faire monter les enchères et d’amener le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Joseph Kabila à négocier. En tout cas, le Palu ne lâche pas le morceau. Et a bien l’intention de concentrer ses efforts sur les législatives.
Dans les deux camps, le message est clair : pour l’emporter, il faudra réussir à s’unir autour d’un leader. Mais rien n’est joué. D’autant que le 31 juillet, Vital Kamerhe, l’ex-président de l’Assemblée nationale, devait à son tour être désigné par son parti pour être candidat à la présidentielle.
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