Cameroun : baccalauréat, ce grand corps malade
Le cru 2011 aura été médiocre au Cameroun. Car s’ils étaient 80 000 élèves à présenter le baccalauréat d’enseignement général cette année, seulement 31 727 d’entre eux ont été admis.
Afrique : que vaut le bac ?
Le taux de réussite du bac au Cameroun est ainsi tombé de 58,13 %, l’année dernière, à 39,57 %. Qui plus est, des enseignants ont admis sous anonymat que l’examen a été validé dans certains cas avec une moyenne de 6,5 sur 20.
« Si, à partir du concours d’entrée en classe de sixième, on est obligé d’accepter un mauvais élève parce qu’il y a des places à occuper dans les salles de classes, il évoluera forcément avec de graves lacunes, dénonce Pascal Anong Adibimé, enseignant et fondateur d’un collège privé à Ombessa, dans le centre du pays. Je ne sais pas ce qu’on peut attendre de lui en terminale si, en troisième, il est admis au BEPC avec une note de 8 sur 20 ! »
Réaction en chaîne
Ce faible niveau se répercute évidemment dans l’enseignement supérieur. « C’est catastrophique, quand on pense qu’il faut réapprendre aux futurs enseignants les leçons de français de CE2. Le pourcentage d’étudiants ayant le niveau requis n’est estimé qu’à 3 % », s’inquiète Bobda Simo, chef du département d’anglais à l’École normale supérieure de Yaoundé et professeur de linguistique.
Parents, profs et élèves démotivés
Le corps enseignant, les parents et les élèves sont aussi pointés du doigt. Blandine Njoya, professeure d’histoire au lycée de Nkoleton, à Yaoundé, l’admet. « De nos jours, les élèves ne s’intéressent plus à leurs études. Ils sont persuadés que l’école n’est plus le seul moyen pour réussir. Les parents non plus n’assument plus leur rôle. Les enseignants, quant à eux, sont mal payés. Résultat : ils sont démotivés et ne donnent plus que le minimum. »
Sur les bancs de l’école, ce désintérêt pour le savoir est palpable. Ainsi, en classe de terminale A allemand au collège privé Les Coccinelles de Yaoundé, constituée uniquement de trois élèves, seul un candidat a été admis au bac. Le lauréat, Miskin Moctar, reconnaît s’être « beaucoup amusé sans perdre de vue son objectif ».
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