Côte d’Ivoire : Francis Wodié, le sage de Ouattara à la tête du Conseil constitutionnel

Le brillant juriste ivoirien Francis Wodié a été choisi par Ouattara pour présider le Conseil constitutionnel. Il a prêté serment devant le chef de l’État le 4 août à Abidjan. La page Yao N’dré est définitivement tournée.

Francis Wodié est récompensé pour son soutien à Ouattara au 2nd tour de la présidentielle. © AFP

Francis Wodié est récompensé pour son soutien à Ouattara au 2nd tour de la présidentielle. © AFP

Publié le 5 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Six semaines après s’être retiré de la vie politique, Francis Wodié est devenu, le 25 juillet, président du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire. Nommé par le chef de l’État Alassane Ouattara, il a prêté serment le 4 août. Et aura désormais la lourde charge de redorer le blason d’une instance dont l’image a été ternie par son prédécesseur, Paul Yao N’dré, qui avait, le 3 décembre, proclamé Gbagbo vainqueur en contredisant le verdict de la Commission électorale indépendante. Plutôt de gauche, cet ancien compagnon de lutte de Gbagbo s’éloigne de ce dernier à partir de 2002 pour se tourner vers Alassane Dramane Ouattara (ADO).

Nommé ministre de l’Éducation sous Henri Konan Bédié, le vieux briscard connaît tous les rouages de la politique nationale et est reconnu pour ses compétences, particulièrement de constitutionnaliste. Gbagbo lui-même le qualifiant de « plus éminent juriste du pays ». Toute la presse a salué sa nomination, à l’exception du quotidien d’opposition Notre voie qui y voit un « coup d’État », le mandat de Yao N’dré n’arrivant à échéance qu’en 2014.

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Passé militant

Né en 1936 à Abidjan, Wodié est originaire de la région d’Aboisso (sud-est du pays). Il a fait ses études de droit à Poitiers, Caen et Paris. De retour à Abidjan, il enseigne à l’université de Cocody et devient secrétaire général du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synares), ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison sous Félix Houphouët-Boigny. En 1990, il est l’un des créateurs du Parti ivoirien des travailleurs (PIT) et est élu député de Cocody à Abidjan. Ce fan de foot, membre fondateur de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme, n’a pourtant jamais réussi à faire décoller sa formation composée de nombreux intellectuels.

Candidat malheureux lors des présidentielles de 1995, 2000 et 2010, le voilà aujourd’hui récompensé d’avoir appelé à voter Alassane Ouattara au second tour de l’élection présidentielle au prix de fortes divisions au sein de son parti, dont il a quitté la présidence. Compétent, réputé intègre, il devra imposer son indépendance face à un pouvoir traditionnellement interventionniste à l’égard de cette prestigieuse institution.

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