Monde arabe : changement de scénario pour les séries TV pendant le ramadan
Production en berne, acteurs boycottés, contenus renouvelés… De Tunis au Caire en passant par Damas, l’actualité politique a un impact direct sur les feuilletons diffusés pendant le ramadan.
2011, un ramadan sous le signe de la révolution
Dans les pays musulmans, les familles installées devant leur petit écran risquent de rester sur leur faim en ce mois de ramadan. La révolution a en effet mis en difficulté les deux plus gros producteurs de la très rentable industrie du feuilleton : l’Égypte et la Syrie.
Le Caire n’a produit cette année qu’une vingtaine de séries pour le ramadan, contre une cinquantaine habituellement. L’instabilité économique a fait fuir les capitaux des chaînes privées, tandis que les chaînes publiques se montrent frileuses. La télévision nationale égyptienne vient ainsi de rompre un contrat passé avec une société de production pour cinq séries, dont quarante-quatre heures étaient déjà tournées, invoquant les liaisons douteuses de ladite société avec l’ancien régime.
Trouver des acteurs est aussi devenu un casse-tête : des listes d’artistes trop proches du clan Moubarak, comme les superstars Adel Imam et Ghada Abdel Razek, circulent dans la presse et sur internet. Dans une Syrie en pleine répression, les actrices et scénaristes pétitionnaires ayant appelé le président Bachar al-Assad à la retenue ont vu leur carrière menacée par les barons loyalistes de la profession.
Saga médicale
Autre sujet de débat : faut-il instiller du contenu postrévolutionnaire dans les séries en cours de tournage ? La télévision nationale tunisienne a tranché en annonçant la diffusion de Maître Malek, un feuilleton qui met à l’honneur le rôle des avocats pendant la révolution. Pour sa troisième saison, « l’humour décalé de Tunis 2050 ne pourra en aucun cas négliger la situation actuelle du pays », annoncent les producteurs de cette série d’animation. En Égypte, toute l’équipe de la saga médicale Moments critiques s’est demandé s’il était judicieux de faire figurer des blessés de la révolution dans le scénario.
D’autres pays profitent de ces chamboulements. La Turquie accueille des tournages qui devaient se dérouler en Syrie. L’Iran exporte un surplus de séries religieuses vers des pays qui peinent à remplir leurs grilles de programme. Ailleurs, pas sûr que l’appétit des téléspectateurs soit rassasié : la chaîne publique algérienne met à l’honneur la police dans La Brigade bleue, tandis que le Hezbollah raconte son histoire sur sa chaîne, Al-Manar, dans Les Vainqueurs…
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2011, un ramadan sous le signe de la révolution
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