Bénin : Kassim Traoré met Cotonou sur la carte
Avec un trafic en augmentation de 9,3 % en 2012, le directeur général du port autonome ne craint plus la concurrence de Lomé.
Le directeur général du port de Cotonou affiche sa satisfaction : « Après la mise en place d’un programme d’investissement de 90 milliards de F CFA [137,2 millions d’euros] en deux ans, financé par le fonds public américain Millenium Challenge Account, le délai de sortie des conteneurs du port est passé de cinquante-deux jours début 2012 à six jours aujourd’hui. Les formalités d’enlèvement de marchandises ne prennent pas plus de trois heures désormais », se félicite Kassim Traoré. Avec ces changements, le trafic à destination de la capitale béninoise, en légère baisse en 2011, a connu une hausse de 9,33 % en 2012, dépassant 7,4 millions de tonnes – un palier jamais atteint jusqu’alors.
PERFORMANCES. Entré dès 1996 au service du port béninois, Kassim Traoré, juriste de 52 ans formé en droit des affaires maritimes à Rennes, en France, a gravi peu à peu les échelons de cette organisation cruciale pour le pays : 12 000 emplois en dépendent. « Ce sont la simplification des procédures et leur informatisation qui nous ont permis ces performances », explique celui qui a été responsable de la qualité du port de 2008 à 2009. Des innovations (mises en place avec le concours de Veritas) qui ont valu à la structure la médaille d’or de l’Association internationale des ports et havres, le 9 mai dernier.
Pour doper son trafic, le port de Cotonou, principale porte d’entrée des véhicules d’occasion en Afrique de l’Ouest, devra accélérer sa diversification. Le directeur général a pour cela d’autres travaux en tête : « Nous avons obtenu de la Banque ouest-africaine de développement un prêt de 20 milliards de F CFA. Il nous permettra d’élargir la passe d’entrée, donc d’accueillir des navires plus importants », annonce-t-il. Le patron du port affirme pouvoir dépasser un trafic de 15 millions de tonnes d’ici à dix ans grâce à la construction d’un second port en eau profonde. « Trois sociétés, dont Bouygues, ont été présélectionnées pour sa réalisation », indique-t-il, assuré du soutien du président béninois Boni Yayi.
CONCURRENCE. Pour parvenir à ses fins, le pilote du port renforce ses liens avec l’hinterland. « Nous prévoyons d’augmenter les rotations de convois à destination du Niger, du Burkina et même du Mali », indique-t-il. Traoré ne craint plus la concurrence des voisins : « Lomé a pris une bonne partie du trafic d’Abidjan pendant la crise ivoirienne, mais il l’a reperdue. Aujourd’hui, les tracasseries administratives, l’insécurité et l’état des routes au nord du Togo dissuadent les armateurs, malgré les baisses des prix. Quant aux ports d’Accra et de Lagos, ils sont déjà engorgés. Il y a de la place pour nous », analyse Traoré.
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