Pakistan – États-Unis : fâchés mais pas trop

Depuis l’élimination d’Oussama Ben Laden, rien ne va plus entre les « alliés stratégiques » américain et pakistanais. Même si la menace chinoise impose à l’administration Obama une relative modération.

Le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani, et la Secrétaire d’État US, Hillary Clinton. © Aamir Qureshi/AFP

Le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani, et la Secrétaire d’État US, Hillary Clinton. © Aamir Qureshi/AFP

Publié le 2 août 2011 Lecture : 2 minutes.

La récente décision des États-Unis de geler leur aide militaire passe mal à Islamabad. Pour l’armée pakistanaise, la première concernée, il ne s’agit que d’une péripétie de la campagne présidentielle américaine : l’administration Obama tenterait de lui faire porter le chapeau de l’échec de sa politique afghane. L’état-major jure n’avoir besoin d’aucun « soutien extérieur » pour mener son combat contre le terrorisme.

Du côté du gouvernement, la réaction est moins passionnelle, plus pragmatique. À en croire Ahmed Mukhtar, le ministre de la Défense, dans l’hypothèse où l’aide américaine serait effectivement suspendue, son pays n’aurait d’autre choix que de retirer les troupes déployées le long de la frontière afghane afin de combattre les talibans. Pas question en effet d’alourdir les dépenses militaires, qui représentent déjà un quart du budget de l’État, au risque de compromettre la capacité du pays à rembourser ses dettes.

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Spirale négative

À l’évidence, on est à un tournant de la collaboration antiterroriste engagée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. L’entente entre les deux pays n’a certes jamais été idyllique. Mais depuis l’élimination d’Oussama Ben Laden, dans la nuit du 1er au 2 mai à Abbottabad, que les militaires pakistanais ressentent comme une humiliation, elle est entrée dans une spirale négative.

Critiqué par l’opinion pakistanaise, mais aussi par sa propre base, qui répugne à jouer les supplétifs des Américains, l’état-major a tenté de se dédouaner en faisant expulser une centaine de conseillers militaires. De même, les autorités n’accordent plus de visas aux techniciens américains chargés d’assurer le suivi technique des armements livrés dans le cadre des opérations antiterroristes, et menacent de fermer la base de la CIA d’où décollent les drones qui bombardent les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. C’est à ces « initiatives » que faisait référence William Daley, le secrétaire général de la Maison Blanche, en commentant à la télévision, le 11 juillet, la décision de son administration de suspendre partiellement son aide au Pakistan.

Il est vrai que, selon le New York Times, cette suspension n’est qu’un « avertissement ». On comprend pourquoi : bon gré mal gré, les États-Unis sont contraints de ménager leur allié stratégique, si peu fiable soit-il. Car, dans l’ombre, la Chine attend patiemment l’heure d’un hypothétique renversement des alliances. Sans parler de sa rivalité avec les États-Unis pour le leadership mondial, n’a-t-elle pas avec le Pakistan un ennemi commun : l’Inde ?

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