Peut-on faire la guerre pendant le ramadan ?

Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, le 20 juillet : « J’ai entendu à Istanbul [le 15 juillet, lors de la réunion du groupe de contact sur la Libye, NDLR] plusieurs responsables de pays musulmans dire que rien ne s’oppose à la poursuite des opérations militaires pendant le mois de ramadan. » Qu’en est-il exactement ?

Prisonniers égyptiens lors du conflit israélo-arabe, le 1er novembre 1973. © AFP

Prisonniers égyptiens lors du conflit israélo-arabe, le 1er novembre 1973. © AFP

Publié le 27 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

« Ils t’interrogeront au sujet de la guerre qu’il faut mener pendant le mois sacré. Dis : Mener la guerre durant ce mois est un grand péché. Mais plus grave encore est le fait de se détourner de la voie d’Allah, de ne pas croire en lui […]. La subversion est plus néfaste que la guerre, car ils vous combattront jusqu’au jour où vous abandonnerez votre religion […]. » Ainsi, le verset 217 de la 2e sourate du Coran*, le seul à évoquer directement cette question, indique clairement que la défense de la religion musulmane passe avant toute autre considération. Le prophète Mohammed n’a-t-il pas donné l’exemple, en livrant plusieurs combats décisifs durant la période de jeûne ? À commencer par la bataille de Badr, qui vit, en 624, la première victoire des musulmans contre les « infidèles » mecquois. C’est également pendant le ramadan que fut conquise La Mecque, en 630, ou que les musulmans remportèrent, en 711, la bataille du Guadalete, qui leur permit de prendre l’Andalousie. On se souvient aussi de l’offensive menée par l’Égypte et la Syrie contre Israël en octobre 1973. Déclenché le jour du jeûne en Israël, qui tombait en plein mois sacré pour les musulmans, le conflit est passé à la postérité sous le nom de guerre du Kippour pour les uns et de guerre du Ramadan pour les autres.

Le mois de jeûne est une période de prise de conscience spirituelle et de dévotion intense. C’est pourquoi certains théologiens l’associent au djihad. Car ce dernier, faut-il le rappeler, n’est pas synonyme de guerre sainte. Il signifie « s’efforcer » ou « dépenser » (de l’énergie ou de la richesse). Il est un combat contre les excès, qu’il s’agisse des siens ou de ceux des autres. C’est en ce sens qu’il peut devenir un appel à la lutte contre l’oppression. Si la guerre est étroitement réglementée dans le droit islamique, elle est totalement justifiée lorsqu’elle est menée à titre défensif ou s’il s’agit de repousser une agression. D’où l’embarras des Occidentaux : ils craignent que leurs raids durant le mois sacré ne renforcent la détermination de leurs adversaires sur le terrain.

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* Selon la traduction de Malek Chebel, Le Coran, éd. Fayard, 2009.

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