Procès Moubarak : qui veut la mort du raïs ?

Alors que l’ancien raïs doit comparaître devant la justice le 3 août, les Égyptiens traquent les informations le concernant. Certains craignent que son état de santé ne soit utilisé pour annuler son procès.

Hosni Moubarak risque aujourd’hui la peine capitale. © AMR DALSH, Reuters

Hosni Moubarak risque aujourd’hui la peine capitale. © AMR DALSH, Reuters

Publié le 1 août 2011 Lecture : 3 minutes.

Certes, des caricatures le montrent allongé sur un matelas gonflable dans une piscine, un militaire lui servant un cocktail. Mais d’après Adel Adoui, conseiller du ministre de la Santé, « Moubarak est dans un état de dépression et de fatigue permanente, ses mouvements sont mesurés ».

Tandis que le remaniement ministériel occupe la une des journaux, les Égyptiens ne peuvent pas oublier celui qui a dirigé le pays pendant trente ans. Pas un jour ne passe sans que les médias ne donnent des nouvelles de l’état de santé de Hosni Moubarak ou que ne soient évoquées les dispositions prises pour son procès, prévu pour le 3 août.

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L’homme qui valait – ou qui vaut encore – quelque 15 milliards de dollars a de quoi être inquiet. En plus des accusations de corruption, de détournement de fonds publics et d’abus de pouvoir, il devra répondre du meurtre de certains manifestants de la révolution de janvier-février devant un tribunal pénal. L’ancien commandant de l’armée de l’air risque la peine capitale.

Infos démenties

L’avocat du président déchu, Farid el-Deeb, célèbre défenseur des causes perdues, annonçait le 17 juillet que son client était dans le coma. Des déclarations immédiatement démenties par les autorités. D’après ces dernières, Moubarak souffre de baisses de tension et de pertes de connaissance. Ses battements de cœur sont irréguliers mais il est toujours conscient. Sa famille proche est autorisée à lui rendre visite. Mais ses deux fils ayant été placés en détention provisoire dans une prison de la capitale égyptienne, c’est donc sa femme, Suzanne, libérée sous caution, qui veille à son chevet à l’hôpital international de Charm el-Cheikh, où il est interné depuis le 12 avril.

À l’époque où le raïs était encore au pouvoir, son état de santé était un sujet tabou. En 2008, un célèbre journaliste avait ainsi été condamné à deux mois de prison pour avoir écrit que le président souffrait « de problèmes de circulation sanguine sans gravité ». Aujourd’hui, sous la pression populaire, les autorités font en sorte « d’informer régulièrement le public de l’évolution de l’état de santé du président », explique Adel Adoui.

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Des zones d’ombre subsistent cependant. En juin, le ministère de la Santé avait affirmé ne disposer d’aucun document scientifique certifiant les propos de Farid el-Deeb, qui clamait alors que son client était atteint d’un cancer à l’estomac et au foie. Un manque d’information dû au fait que le président égyptien se faisait surtout soigner en Allemagne, généralement dans la plus grande discrétion.

D’embarrassants secrets

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Selon Saïd Sadek, professeur de sciences politiques et sociales à l’Université américaine du Caire, les généraux du Conseil suprême des forces armées, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires de l’État, risqueraient de voir leurs embarrassants secrets révélés au grand jour lors du procès Moubarak. Ils chercheraient donc à utiliser l’âge avancé de l’ancien président – 83 ans – et son état de santé préoccupant pour lui éviter tout jugement. Certains ne seraient-ils pas même tentés de se débarrasser de l’ancien raïs pour l’empêcher de parler ? C’est ce que la presse du Caire insinue parfois…

De fait, si le président venait à rendre l’âme avant de rendre des comptes, il pourrait bien être enterré en grande pompe, lors d’une cérémonie militaire, ironise amèrement un journal d’opposition. Un scénario possible ? En tout cas, la cour de cassation a déjà annulé une décision de justice qui autorisait la suppression du nom de Hosni Moubarak et de sa femme, Suzanne, de toutes les places, rues et institutions publiques du pays.

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