Libye : DC-10 d’UTA, l’aveu d’un ex-ministre de Kadhafi

Jusqu’à présent, le mobile de l’attentat du DC-10 d’UTA restait mystérieux. Vingt-deux ans plus tard, Abderrahmane Chalgham, un ancien ministre de Kadhafi entré en dissidence, a fait des révélations fracassantes sur la responsabilité du régime de Tripoli.

L’épave du DC 10 d’UTA s’était éparpilée sur plus de 100 km2. © AFP

L’épave du DC 10 d’UTA s’était éparpilée sur plus de 100 km2. © AFP

Publié le 2 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Venant de l’ancien chef de la diplomatie de Mouammar Kadhafi, ex-représentant permanent de la Jamahiriya auprès des Nations unies à New York, la révélation est de taille. Le 18 juillet, dans une interview accordée à Al-Hayat, un quotidien saoudien qui paraît à Londres, Abderrahmane Chalgham – qui s’est rallié aux insurgés de Benghazi aux premières heures de la révolte – a confirmé la responsabilité directe des services de renseignement libyens dans l’attentat perpétré le 19 septembre 1989 contre un avion de la compagnie française UTA. L’appareil reliait Brazzaville à Paris, via N’Djamena. Son explosion au-dessus du désert du Ténéré, au Niger, avait provoqué la mort des 170 passagers et membres d’équipage.

Un opposant dans le viseur de Kadhafi

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Un opposant à bord ? Certes, en 1999, un tribunal français avait condamné à la perpétuité (par contumace) six caciques de la Jamahiriya, dont Abdallah Senoussi, patron des services secrets et beau-frère du « Guide ». Mais c’est la première fois qu’un ancien responsable libyen de haut rang – donc informé – confirme la culpabilité du régime. Surtout, Chalgham apporte un élément nouveau en fournissant le mobile du crime. « Nos services étaient convaincus que Mohamed al-Megrief se trouvait à bord, et ce n’était pas le cas. »

Principale figure de l’opposition à Kadhafi au milieu des années 1980, Megrief (aujourd’hui décédé) était le cofondateur du Front national pour la sauvegarde de la Libye (FNSL). Ce mouvement se manifeste pour la première fois en 1984 en menant une opération commando contre la caserne de Bab el-Azizia, à Tripoli. Mal préparée, l’attaque tourne court. Kadhafi en profite pour lancer une série de purges au sein de ses services de renseignements, qui n’avaient rien vu venir. Le « Guide » exige alors de son beau-frère la tête de Megrief, qui s’est réfugié en Europe puis aux États-Unis. Abdallah Senoussi lance ses sbires sur les traces de l’opposant. Quand l’une de ses sources lui apprend que ce dernier doit retourner à Paris à l’issue d’une tournée africaine, il donne l’ordre de faire exploser l’avion qui le ramène dans la capitale française. Exécutant les ordres du « Guide », dussent-ils coûter la vie à 170 personnes.

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