Allemagne : sur la pointe des rangers

Adieu au service militaire, bonjour à l’armée de métier. Lancée le 1er juillet, la réforme de la Bundeswehr passe mal auprès d’une opinion encore traumatisée par la Seconde Guerre mondiale.

Soldats allemands en Bosnie. © Ssgt Maria J. Lorente, USAF/Wikipédia

Soldats allemands en Bosnie. © Ssgt Maria J. Lorente, USAF/Wikipédia

Publié le 26 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

À l’instar de la France il y a dix ans, l’Allemagne a, le 1er juillet, renoncé à la conscription au profit d’une armée de métier. Objectif : réformer des forces armées pléthoriques, ruineuses (le coût par soldat est trois fois supérieur à la moyenne européenne) et mal préparées aux interventions actuelles. Dans un premier temps, les effectifs passeront de 220 000 à 185 000 hommes. L’économie attendue d’ici à 2013 avoisine 8,3 milliards d’euros.

L’information serait banale ailleurs. Mais pas en Allemagne, où le spectre de la Seconde Guerre mondiale continue de hanter les esprits. Profondément antimilitariste et craignant une dérive autoritaire et antidémocratique, la population voit d’un très mauvais œil la naissance de cette armée professionnelle.

le ministère de la Défense espérait quinze mille recrues. On en est encore très loin.

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Défense du territoire. Créée en 1955 en pleine guerre froide, la Bundeswehr a été pourvue à l’origine d’un mandat très restrictif, strictement encadré par la Loi fondamentale. Toutes ses actions sont soumises au vote au Parlement (Bundestag). La priorité absolue est donnée à la défense du territoire contre d’éventuelles agressions extérieures. Toute intervention hors des frontières a longtemps été strictement interdite. Ce n’est qu’en 1994 que la Cour constitutionnelle finira par lever ce tabou.

Les militaires allemands sont désormais de plus en plus fréquemment appelés à intervenir sur des théâtres extérieurs. Ils sont actuellement présents dans neuf pays, en particulier en Afghanistan (5 000 hommes). Mais il reste interdit à l’Allemagne d’intervenir seule. Elle ne peut le faire que dans le cadre d’une alliance. « Cette réforme vise à étendre le pouvoir de projection de notre armée à 10 000 soldats, contre 6 600 actuellement », souligne Thomas de Maizière, le ministre de la Défense, chargé de poursuivre l’œuvre laissée inachevée par son prédécesseur, Karl-Theodor zu Guttenberg, démissionnaire au mois de février. Mais les politiques savent que les Allemands restent très majoritairement hostiles à toute intervention armée à l’étranger, notamment en Afghanistan (70 %).

la réforme en chiffres

185 000 soldats de métiers et 15 000 volontaires
8.3 milliards de dollars d’économie d’ici à 2013, grâce à l’abandon de la conscription 

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Autre difficulté : le recrutement. La démographie allemande étant très peu dynamique, la tranche d’âge des 20-35 ans fait cruellement défaut. À la date du 4 juillet, seuls 3 419 jeunes gens (dont 44 femmes) ont souscrit un engagement volontaire dans la Bundeswehr. On est loin des 15 000 recrues attendues par le ministre. Pour susciter des vocations, un budget de 16 millions d’euros a été débloqué pour les campagnes de communication. Pas sûr que cela suffise à inverser la tendance.

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