Otages d’Aqmi : 300 jours d’angoisse
Grand-père de l’un des otages d’Al-Qaïda au Maghreb islamique
Daniel Larribe, Thierry Dole, Marc Feret, Pierre Legrand. Il y aura bientôt un an (trois cents jours le 13 juillet dernier) que les quatre salariés d’Areva et de Vinci encore détenus au Sahel ont été enlevés à Arlit, dans le nord du Niger. C’était le 16 septembre 2010. Des conditions de sécurité insuffisantes ont permis l’irruption d’un groupe armé qui a embarqué au hasard cinq Français, dont une femme, ainsi qu’un Togolais et un Malgache. Pas forcément ceux sur lesquels ils espéraient mettre la main, puisque certains des otages auraient dû se trouver dans un avion pour Niamey, si une tempête de sable n’avait pas empêché l’appareil de décoller.
Le 21 septembre, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) revendiquait l’enlèvement et, quelques jours plus tard, diffusait une vidéo. C’était le début de l’attente dans un silence qui ne sera rompu que par plusieurs messages d’Oussama Ben Laden, et non d’Abou Zaïd, le chef présumé du groupe. Entre-temps, le président de la République nous a reçues, nous, les familles. Et nous sommes régulièrement en relation avec la cellule de crise du Quai d’Orsay. Pour autant, les informations sont rares, d’autant que les contacts avec les ravisseurs sont difficiles.
Le 24 février, Françoise Larribe, Jean-Claude Rakotorilalao et Alex Awando ont été libérés. Ils ont pu donner quelques informations sur leurs conditions de détention. Nous avons appris que les otages avaient été séparés en deux groupes. Ils vivent en plein air, ne sont pas « maltraités », se déplacent beaucoup et ne voient personne d’autre que leurs gardes.
Le 18 mars, Aqmi formule une demande de rançon de 90 millions d’euros. Puis, une nouvelle vidéo, enregistrée les 11, 12 et 13 avril, est diffusée la semaine suivante. On y voit les quatre Français restés prisonniers demander au président Nicolas Sarkozy de retirer ses troupes d’Afghanistan.
Reçus à nouveau par les autorités françaises, nous sommes alors informés que des négociations difficiles sont engagées et que les otages « semblent être en bonne santé ».
Depuis la vidéo de la mi-avril, nous n’avons plus aucune nouvelle. L’attente est insupportable et l’impatience prend peu à peu le pas sur la confiance. Celle-ci demeure malgré tout : le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, que nous avons rencontré récemment, nous a redit que « les efforts sont constants et [que] le dialogue se poursuit en coordination avec tous les acteurs sur le terrain ». Il nous a affirmé aussi qu’il y avait « une quasi-certitude que les otages sont vivants et que tout donne à penser qu’ils sont en bonne santé ».
Nous voulons y croire, mais nous voudrions des preuves plus concrètes. Nous nous inquiétons aussi des rumeurs de tous ordres qui circulent. Nous nous souvenons, enfin, de la mort de deux jeunes Français au cours d’un accrochage après leur enlèvement à Niamey, le 7 janvier dernier. Nous ne comprenons pas ce qui bloque les discussions et nous souhaitons que la libération de nos proches reste une priorité pour la France et pour les entreprises qui les employaient.
Le retour d’Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponier, les deux journalistes enlevés en Afghanistan, nous a donné une lueur d’espoir sur la capacité de résoudre une affaire difficile. Mais nous savons qu’il faut sortir rapidement les otages de la zone où ils se trouvent, car plus le temps passe, plus ils sont en danger. Cela en raison des troubles dans la région, mais aussi à cause des très fortes chaleurs qui sévissent actuellement dans ce secteur. Nous en appelons, enfin, à l’opinion publique pour que tous soient mobilisés et que les otages ne soient pas oubliés.
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