Sénégal : Conciliabules au palais d’Habré

cecile sow

Publié le 25 juillet 2011 Lecture : 1 minute.

Très vite, Wade comprend que cela ne passe pas. Samedi 9 juillet, un quartier de Dakar, Ouakam, gronde. C’est le fief de la communauté léboue où Habré réside et fait profiter la population de ses largesses. Les autorités traditionnelles montent au créneau pour défendre ce « bon musulman ». Des habitants menacent de bloquer la route de l’aéroport. L’ancien dictateur tchadien dispose également de solides relais au sein des deux puissantes confréries religieuses, tidianes et mourides. Le lendemain, Wade passe sa journée au palais. Beaucoup de personnalités défilent pour « analyser la situation », selon un témoin. Mais la liste des visiteurs relève du secret d’État. Dans l’entourage du président, plutôt bavard habituellement, personne ne vend la mèche. Le ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, participe aux échanges. Au même moment, il s’entretient au téléphone avec le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant. Par les canaux diplomatiques classiques, Paris a déjà envoyé le message : « Cette expulsion est une mauvaise idée et cette affaire va provoquer un tollé. » Guéant tient en substance le même discours.

« Wade n’a jamais eu l’intention d’expulser Habré », veut croire un proche du président. « Il a joué » pour obtenir « l’entrée en scène des Nations unies », ajoute un autre. Indulgence à l’égard du chef ou justification a posteriori ? « La réaction de Navi Pillay a été déterminante », admet un protagoniste. En soirée, Dakar annonçait la suspension de la décision. Le lendemain, Madické Niang était à Paris pour une série d’entretiens avec les autorités françaises. Et à Bruxelles, la Belgique réaffirmait sa volonté de juger Habré. 

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