Air Algérie : une éclaircie entre les nuages

Hôtesses et stewards ont mis fin à la grève après avoir obtenu une promesse de négociations. Cela suffira-t-il à détendre durablement le climat pesant qui mine la compagnie nationale depuis des mois ?

 © AFP

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Publié le 19 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Il a fait très chaud en Algérie, la semaine dernière. Mais ce sont surtout les esprits qui se sont échauffés en raison de la grève nationale qu’ont menée, du 11 au 14 juillet, les personnels navigants commerciaux (PNC) : stewards, hôtesses de l’air et chefs de cabines. Le chaos a régné dans les trente-deux aéroports du pays, où seulement 30 % des vols ont été assurés.

Parmi les revendications des grévistes, la revalorisation de leur statut pour bénéficier de majorations lors des vols de nuit, comme les pilotes, et le doublement de leur salaire. Reclus dans la salle des opérations de l’aéroport d’Alger, entre 500 et 800 PNC sur 950 (selon leurs représentants) ont finalement repris le travail le 14 juillet au soir. Avec en poche le seul engagement de la direction de négocier sur tous les points de leurs revendications à partir du 17. Tout ça pour ça ?

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Un PDG hors jeu

La première grève du 15 juin avait abouti au limogeage de Wahid Bouabdallah, le PDG. Mais l’arrivée de Mohamed Salah Boultif, le 19 juin, a plutôt aggravé la situation. Selon les salariés, il refusait d’entériner les termes de l’accord négocié avec l’ancienne direction. Après trois semaines de négociations infructueuses, Boultif a offert une hausse de 20 % des salaires à l’ensemble des employés – en vain. Le mouvement s’est ensuite radicalisé, avec le licenciement, désormais suspendu, de plusieurs meneurs. C’est finalement Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, qui a pris les négociations en main, le 14 juillet, mettant Boultif hors jeu.

En réalité, des projets de restructuration contestés plongent depuis des mois Air Algérie dans une zone de turbulences. Ce nouvel épisode affaiblit encore plus la société. Pour Toubal Réda Séghir, directeur des opérations au sol de l’aéroport d’Alger, « le manque à gagner s’élève à 180 millions de dinars par jour (1,7 million d’euros), sans compter les frais d’hébergement des voyageurs et l’achat de billets aux autres compagnies ». Assez pour entamer la solidité d’une entreprise qui a réalisé, en 2009, un chiffre d’affaires de 560 millions d’euros ? Son image, surtout, pourrait pâtir d’une grève qui a frappé aussi l’Europe en particulier la France – au moment des départs en vacances. « C’est pour les Algériens qui ont souffert et pour sauver l’honneur du pays à l’étranger que nous avons mis fin à cette situation », confie Karim Ahnoudj, l’un des représentants des PNC, à l’issue des négociations, le 14 juillet.

L’épisode est également révélateur d’un climat social tendu, marqué par un fort activisme des travailleurs, une intervention tardive d’Amar Tou, le ministre des Transports, et une étrange reconfiguration de l’action syndicale. Un collectif est à l’initiative de la grève, qui n’a été encadrée ni par le syndicat affilié à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), proche de l’État, ni par le syndicat autonome de la profession. C’est pourtant Abdelmadjid Sidi Saïd, le secrétaire général de l’UGTA, qui a grandement contribué au dénouement en négociant directement avec le Premier ministre. 

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Constance Desloire, envoyée spéciale à Alger.

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