Le groupe indien Infosys change de tête(s)

Exit l’image d’entreprise low cost ! En renouvelant son équipe dirigeante et en embauchant à tour de bras, le groupe indien Infosys veut monter en qualité. Un virage stratégique qui nécessite d’attirer les meilleurs talents.

Kundapur Vaman Kamath, nouveau président du conseil d’administration d’Infosys. © Indranil Mukherjee/AFP/Getty Images

Kundapur Vaman Kamath, nouveau président du conseil d’administration d’Infosys. © Indranil Mukherjee/AFP/Getty Images

Publié le 26 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

L’emblématique groupe informatique indien Infosys, dont la moindre action est scrutée à la loupe dans le pays, a connu quelques soubresauts ces derniers mois. Tout semble rentrer dans l’ordre depuis qu’une nouvelle organisation se met en place à la tête de la société de services en ingénierie informatique (SSII), qui fête ses 30 ans cette année. Le groupe devrait connaître une croissance « normale » en 2011, avec une progression de 18 % à 20 % du chiffre d’affaires, qui frôlera les 5 milliards d’euros. En 2010, les ventes avaient grimpé de 25 %. La rentabilité d’Infosys, l’une des plus élevées du secteur, a atteint un sommet, avec un taux de marge opérationnelle de 30 % pour la deuxième année consécutive. Un parcours qui démontre la capacité des pays émergents à bâtir des groupes très rentables et compétitifs à l’international.

Ces résultats impressionnants n’empêcheront pas Narayana Murthy, fondateur du groupe et personnalité influente en Inde, de quitter la présidence du conseil d’administration le 20 août. Il sera remplacé par un banquier, Kundapur Vaman Kamath, administrateur de longue date. Un nouveau directeur général prendra aussi les rênes opérationnelles de l’entreprise. Déjà, un conseil d’administration, qui s’est tenu début juin, a remplacé quatre administrateurs. Parmi les nouveaux promus, Ann Fudge. Cette Américaine, proche de Barack Obama, est administratrice de General Electric, Novartis et Unilever. Présentée comme l’éminence grise de la future stratégie d’Infosys et du renforcement de l’ouverture du groupe à l’international, elle prendra ses fonctions le 1er octobre, après un an de négociations.

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Car derrière cette réorganisation et cette transition en douceur se cache un virage stratégique qui demeure un pari risqué. La SSII indienne ne veut plus être affublée du qualificatif d’entreprise low cost. Grâce à cette transformation radicale, elle souhaite se positionner comme un acteur à part entière proposant des solutions informatiques complètes (ressources humaines, e-commerce, réseaux sociaux…) à ses clients du secteur bancaire, de l’énergie, des services… Le groupe se place aussi sur le créneau porteur du cloud computing, convaincu qu’au moins 60 % des infrastructures informatiques des entreprises seront gérées à distance dans les cinq à sept ans. Infosys veut démontrer la capacité des groupes des pays émergents à être aux avant-postes de l’innovation mondiale.

Campus idyllique

Mais il demeure une inconnue pour assurer la réussite de ce virage stratégique : les ressources humaines. Sur un marché indien de l’informatique qui progressera de près de 18 % cette année, les SSII – elles recruteront 200 000 personnes en 2011 – se livrent une rude bataille pour attirer les meilleurs ingénieurs. Infosys, dont l’effectif atteint 130 000 salariés, embauchera plus de 25 000 nouvelles personnes cette année. De son côté, le leader national Tata Consultancy Services (198 000 employés) veut recruter 60 000 nouvelles têtes.

Pour se démarquer, Infosys compte sur son campus internationalement renommé de Mysore, situé près du siège de Bangalore. Pendant six mois, les stagiaires recevront une formation maison intensive. Car, selon une étude réalisée l’an passé par la société spécialisée Aspiring Minds, « seulement 5,97 % des jeunes diplômés indiens peuvent être employés directement après leurs études ». Une mise à niveau qui se fait dans un cadre idyllique à Mysore : restaurants, théâtre, cinémas, piscine, courts de tennis et de cricket. Et avec la perspective d’un salaire de départ de 25 000 roupies (380 euros), supérieur à la moyenne nationale. Pour attirer les meilleurs talents et donner vie à sa stratégie, Infosys augmentera les salaires de 12 % en moyenne cette année. Comme en 2010. Une fuite en avant ? 

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