Filière bois : l’Afrique centrale à nouveau dans le vert
La forêt tropicale est vitale pour l’économie d’Afrique centrale. Pourvoyeuse d’emplois, de devises et de recettes pour les États, son exploitation reprend des couleurs et intègre de nouvelles règles de fonctionnement.
Poumon économique de l’Afrique centrale, la filière du bois retrouve un nouveau souffle après les profonds dégâts causés par la crise de 2008. En RD Congo, les recettes d’exportation ont chuté de 54 millions à 22,5 millions d’euros entre 2008 et 2009. Dans le Congo voisin, le chiffre d’affaires de la filière est tombé de 272 millions à 250 millions d’euros entre 2006 et 2010. Affectée par l’effondrement de la demande mondiale, la Congolaise industrielle du bois, leader national, est passée sous la coupe de l’agro-industriel singapourien Olam en février.
Mais le gros de la tempête est passé. La Société nationale des bois du Gabon, qui vient de publier ses résultats pour 2010, présente un chiffre d’affaires de 83,6 millions d’euros (+ 47 %) et investit dans une unité de production de 250 000 m3 par an, qui sera opérationnelle fin 2011. Après une perte de 15,5 millions en 2009, le français Rougier, présent au Gabon, au Cameroun et au Congo, a retrouvé un résultat net positif de 5,3 millions d’euros l’an dernier ; son chiffre d’affaires a progressé de 11 % en 2010, et de 13,5 % au premier trimestre 2011. « L’activité du groupe est portée par l’amélioration de nos principaux marchés, tant en volume qu’en prix », précise Rougier.
Ce contexte plus favorable apporte une bouffée d’oxygène aux économies. Au Gabon, la filière est la deuxième source de devises et le deuxième contributeur aux recettes de l’État (122 millions d’euros). Le secteur emploie 13 000 personnes et représente 6 % du PIB. En RD Congo, la forêt apporte 70 millions d’euros par an aux caisses de l’État. Au Nigeria, ce montant s’élève à 480 millions d’euros.
Mais si la forêt africaine retrouve son éclat économique, les conditions d’exploitation changent radicalement. En 2010, le Gabon a interdit l’exportation de grumes et a donné jusqu’en 2012 aux exploitants forestiers pour transformer 75 % du bois localement. Les exigences de traçabilité imposées par l’Europe et les États-Unis poussent les États à imposer une gestion durable de la forêt. Selon le rapport 2011 de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), la superficie des forêts certifiées est passée en Afrique de 1,5 million à 4,6 millions d’hectares entre 2005 et 2010.
Mais les dangers demeurent. Les communautés locales et les agro-industriels rognent sur la forêt pour augmenter les surfaces cultivées (huile de palme, biocarburants…). La Chine et l’Inde offrent toujours des débouchés à des acteurs peu scrupuleux. Et le groupe pétrolier italien ENI met tout en œuvre pour exploiter les sables bitumineux du Congo, dont 30 % se trouvent sous la forêt primaire.
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