Algérie : finie la longue indifférence ?

Réda Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), nous livre son opinion sur la réaction des autorités face à la grogne sociale qui sévit actuellement en Algérie.

Publié le 18 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Révolutions arabes : l’exception algérienne
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Révolutions arabes : l’exception algérienne

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Pour désamorcer la grogne sociale sur fond de climat morose fait de jacqueries souvent imprévisibles et parfois destructrices, les autorités n’ont pas lésiné sur les moyens, usant et abusant de l’arme budgétaire pour soutenir les prix des produits de première nécessité, satisfaisant toutes les revendications salariales. Conséquence : un déficit budgétaire abyssal et des promesses d’inflation.

Les événements de janvier 2011, couplés au « printemps arabe », ont interpellé le gouvernement algérien. En quelques semaines, sa capacité d’écoute a été multipliée par cent. Les premières mesures ont été prises en faveur des jeunes, sous forme d’aides à la création d’entreprise, même si cela s’apparente à donner des chèques en blanc.

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Les entreprises de production ont eu leur part également. Elles ont été particulièrement entendues sur le dossier concernant le crédit documentaire (Crédoc) et ses pesanteurs sur le commerce extérieur. En matière de foncier, la règle tant décriée de la vente aux enchères des terrains industriels a été abolie. Les investissements ont été encouragés par un rallongement des délais de maturation (jusqu’à dix ou quinze ans), avec des taux bonifiés causant même des pertes au Trésor (taux d’intérêt inférieur à l’inflation). Des fonds d’investissement ont été créés pour compléter les prêts accordés par les banques. Des caisses de garantie ont été renforcées pour sécuriser les prêts accordés par le système bancaire en cas d’insolvabilité des débiteurs.

Les PME-PMI algériennes ne sont pas prêtes pour une ouverture brutale de notre économie à la concurrence internationale

La mesure la plus positive concerne l’environnement des affaires, érigé en priorité par les pouvoirs publics. Des groupes de travail mixtes (patronat et gouvernement) s’échinent à éliminer tout ce qui peut s’apparenter à un frein ou un obstacle à la création et/ou au fonctionnement des entreprises.

L’exécutif semble accorder à la mise à niveau des PME-PMI, relevant en grande majorité du secteur privé, une importance capitale. Une lueur d’espoir après la longue indifférence des pouvoirs publics à l’égard de l’entreprise. Une prise de conscience bienvenue : les sociétés algériennes non mises à niveau ne sont pas prêtes au choc de l’ouverture brutale de notre économie à la concurrence internationale.

L’administration chargée de ce programme engagé l’an dernier a été dotée de moyens colossaux : 386 milliards de dinars (plus de 3,7 milliards d’euros) pour mettre à niveau 20 000 PME-PMI d’ici à 2014. Toutefois, des experts consultés sont sceptiques quant au dispositif mis en place pour mener l’opération. Ils préconisent la création d’une agence ad hoc rattachée directement au Premier ministre, disposant de relais régionaux, sur la base d’une meilleure définition du pilotage et du ciblage des entreprises devant bénéficier de cet ambitieux programme. L’enjeu est crucial : l’avenir de l’industrie algérienne.

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L’instabilité juridique de ces dernières années, causée essentiellement par un usage excessif de la loi de finances complémentaire (LFC) modifiant les règles du jeu tous les six mois, devrait cesser avec un retour progressif à l’orthodoxie et surtout à moins d’unilatéralisme dans les prises de décision.

Une logique de dialogue et de concertation, tant revendiquée par le patronat, a fini par être admise, d’autant qu’elle devrait traduire une politique de plus grande proximité avec le monde de l’entreprise sans distinction de statut et surtout sans discrimination dans les politiques de soutien, d’appui et d’encouragement.

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Toutes ces bonnes résolutions militent à l’évidence en faveur d’une plus grande confiance en l’entreprise, consacrée facteur clé d’un nouveau type de croissance, moins portée par la dépense publique et les grands travaux.

Dans ce contexte, il est bon de rappeler quelques évidences, notamment la reconnaissance du rôle et de l’utilité des PME-PMI, qui forment, dans leur ensemble, le premier employeur du pays, assurent 80 % de la création de valeur hors hydrocarbures, garantissent la diversification économique et représentent la seule arme contre les importations. Pour tout cela, elles constituent la meilleure réponse aux appréhensions de l’après-pétrole.

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