Sansy Kaba Diakité : « Nos écrivains sont de plus en plus connus »

Découverte de jeunes auteurs, débats avec les lecteurs, Salon du livre de Conakry… Le fondateur de la maison d’édition consacre tout son temps, ou presque, à la littérature.

Sansy Kaba Diakité, fondateur de L’Harmattan Guinée. © Vincent Fournier/J.A.

Sansy Kaba Diakité, fondateur de L’Harmattan Guinée. © Vincent Fournier/J.A.

cecile sow

Publié le 11 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Guinée : L’effet Alpha
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Guinée : L’effet Alpha

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Jeune Afrique : Comment vous est venue l’idée de créer L’Harmattan Guinée ?

Sansy Kaba Diakité : Mon père, qui était enseignant, a ouvert une bibliothèque à Kankan, en Haute-Guinée, dans les années 1990, et distribuait la presse en ville. J’ai donc toujours été en contact avec la lecture. Mais c’est précisément en 2006, après mes études de master 2 en France, que j’ai décidé de me lancer dans l’édition, pour permettre aux Guinéens d’avoir un réel accès aux livres et aux éditeurs.

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Avez-vous rencontré des difficultés dans la mise sur pied de ce projet ?

Le pays n’offrant aucune formation dans le domaine de l’édition, il m’a fallu beaucoup de temps pour créer un réseau de professionnels. La faiblesse du pouvoir d’achat des citoyens et, surtout, l’absence de politique nationale du livre sont aussi des obstacles au développement de la lecture. Néanmoins, avec la nomination comme ministre de la Culture d’Ahmed Tidjani Cissé, lui-même auteur de quelques ouvrages, dont deux parus chez nous [voir page de gauche], on peut s’attendre à des changements.

Quel bilan faites-vous des cinq ­premières années de L’Harmattan Guinée ?

Le bilan, sans prétention, est très satisfaisant. Nous avons déjà publié plus de 170 titres et fait découvrir une cinquantaine de nouveaux auteurs guinéens. L’Harmattan Guinée est présent dans tous les grands salons du livre (Bruxelles, Francfort, Paris, Dakar, etc.) et les écrivains guinéens sont mieux connus.

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Quelles sont les publications dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis en général fier de toutes nos publications, car chaque livre est l’aboutissement d’un projet et d’un rêve. Je citerai néanmoins quelques titres : La Cavale du marabout, de Mamady Koulibaly [2006], Camp Boiro. Parler ou périr, d’Alsény René Gomez [2007], Les 32 Jours de grève générale en Guinée, d’Alexandre Delamou [2007], L’Avenir de l’industrie minière en Guinée, d’Ibrahima Soumah [2007, paru en anglais en 2009], Une enfance africaine, de Fodé Lamine Touré [2008] et Monnaie, change et inflation en Guinée, de Manga Fodé Touré [2010]. Sans oublier, pour finir, les huit tomes d’Ahmed Sékou Touré. Président de la Guinée (1922-1984), d’André Lewin.

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Vous êtes aussi l’initiateur des « 72 heures du livre en Guinée », le Salon du livre de Conakry. Comment s’est déroulée la dernière édition ?

La troisième édition, qui s’est tenue du 23 au 25 avril, a été une réussite. Elle a accueilli plus de 5 000 visiteurs au Centre culturel franco-guinéen, et, pour les séances de dédicaces, nous avons reçu jusqu’à 400 personnes. Le thème de ces 72 heures – « Le livre, vecteur de changement » – a suscité beaucoup d’intérêt. C’est sans doute dans l’air du changement politique.

Quels sont vos principaux projets aujourd’hui ?

L’installation de bibliothèques et de librairies à l’intérieur du pays. Et la création des presses universitaires, pour valoriser le travail de nos chercheurs. L’édition de livres scolaires, culturels et touristiques nous intéresse aussi. Ma préoccupation est de permettre aux jeunes d’exprimer leur citoyenneté à travers l’éducation.

Que lisez-vous et quels sont vos auteurs préférés ?

[Rires] Moi-même… c’est-à-dire mes manuscrits. Et puis des romans, des contes et, surtout, des livres d’histoire et de découverte. Parmi mes auteurs favoris, je peux citer Camara Laye, Williams Sassine, Cheikh Anta Diop et Molière.

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