RDC : cinquante ans après, les Lumumba attaquent l’État belge

Cinquante ans après l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, le 17 janvier 1961 en RDC, sa famille a déposé une plainte contre l’État belge, avec l’espoir que la justice soit rendue à l’ancien Premier ministre congolais.

Patrice Lumumba salue les photographes alors qu’il quitte l’aéroport d’Idlewild, le 2 août 1960. © AFP

Patrice Lumumba salue les photographes alors qu’il quitte l’aéroport d’Idlewild, le 2 août 1960. © AFP

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Publié le 28 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Le meurtre de Patrice Émery Lumumba sera-t-il un jour reconnu devant la justice ? Sa famille l’espère, qui a déposé une plainte contre l’État belge, le 23 juin, avec constitution de partie civile, devant le tribunal de première instance de Bruxelles. Cinquante ans après l’assassinat du Premier ministre congolais, le 17 janvier 1961 à Élisabethville (aujourd’hui Lubumbashi), chef-lieu de la province méridionale du Katanga alors en sécession, les plaignants souhaitent accéder aux archives secrètes de l’ancien colonisateur afin de savoir exactement quel rôle la Belgique a joué dans la disparition de Lumumba.

Trophés macabres

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Les détails de l’assassinat de Lumumba sont connus depuis 1961. Tout le monde savait que son corps, après l’exécution, avait été dissous dans de l’acide pour, peut-être, effacer à jamais toute trace de son passage sur Terre. Dans un documentaire réalisé au début des années 2000, un de ses bourreaux belges déclarait, sans le moindre remords, lui avoir arraché quelques dents qu’il avait gardées comme de véritables trophées.

Des promesses belges… non tenues

En 2001, soucieuse de redorer son blason, la Belgique crée une commission d’enquête sénatoriale. Celle-ci aboutit à la reconnaissance par le royaume de sa responsabilité morale dans la mort de Lumumba et, surtout, à la mise au jour d’un élément nouveau, et de taille : l’implication personnelle du roi Baudouin, qui n’avait jamais pardonné à l’éphémère chef du gouvernement congolais son discours « iconoclaste » du 30 juin 1960. Beaux joueurs, les Belges iront jusqu’à présenter des excuses officielles à la RDC. Une promesse est même faite : financer une fondation destinée à promouvoir la démocratie. Elle n’a pas encore vu le jour…

Dix personnes encore vivantes sont visées

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La plainte déposée à Bruxelles veut aller au-delà de la simple responsabilité morale. Elle vise en particulier dix Belges encore vivants (anciens policiers, militaires et responsables administratifs) liés, de près ou de loin, à l’exécution de Lumumba. Ils pourraient être poursuivis pour crimes de guerre. Mais étant donné que les principaux acteurs de cette tragédie sont morts, la bataille juridique, si elle a lieu, risque d’être longue.

L’assassinat de Lumumba, survenu en pleine guerre froide, a eu beaucoup de conséquences sur le destin de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC). Les plus graves sont les rébellions menées dans l’ouest, puis dans l’est du pays, par des gens se réclamant de celui que Mobutu, pourtant acteur majeur de son élimination, proclama héros national en 1966. L’épilogue sera l’arrivée au pouvoir, en 1997, de Laurent-Désiré Kabila. Il était déjà dans les maquis lumumbistes en 1965. 

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