Barclays cherche un second souffle en Afrique
Le groupe britannique, implanté dans onze pays du continent, espère atteindre une croissance à deux chiffres dans la zone. Pour cela, il devra notamment s’appuyer sur sa filiale sud-africaine, Absa.
Avant de céder sa place à Bob Diamond, promu directeur général de Barclays le 1er janvier, John Varley confiait que l’empreinte en Afrique de la banque britannique était un des legs dont il était le plus fier. Au cours de son mandat, son successeur sera notamment jugé sur sa capacité à débloquer le potentiel de cet héritage, tant il est vrai que la présence du groupe sur le continent n’est pas assez valorisée.
Car Barclays n’a pas encore su profiter de l’émergence africaine, et la région demeure un contributeur modeste aux performances globales de la banque. Néanmoins, elle s’affiche comme la plus dynamique des zones où le groupe opère (avec des bénéfices avant impôts en hausse de 8 % au premier trimestre 2010) et, partant, alimente de nouvelles ambitions : en Afrique, Barclays vise désormais une croissance à deux chiffres.
Pour cela, le groupe devra savoir enfin tirer parti de son implantation dans onze pays du continent. Actif sur nombre de marchés porteurs, dont l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Ghana, il souffre cependant d’une carence évidente : au Nigeria, autre place incontournable, il n’est présent qu’à travers son activité de banque d’investissement, alors qu’il gagnerait à y développer des services de banque commerciale et de banque de détail.
En outre, analystes et investisseurs soulignent que, alors que le groupe exerce ses activités sous la marque Barclays sur plusieurs marchés, il est dommage qu’il n’intègre pas sous sa bannière Absa, troisième établissement sud-africain, dont il détient 56 % du capital. « Avec Absa en Afrique du Sud et la marque Barclays ailleurs, le groupe dispose de réels atouts, mais la façon dont il se propose de mettre ce potentiel en valeur n’est pas claire », estime Robert Law, analyste chez Nomura.
De fait, Barclays avait un temps songé à intégrer Absa, mais il s’était heurté à la loi sud-africaine qui permet aux fonds du Black Economic Empowerment (BEE) de conserver une part minoritaire dans Absa, empêchant le groupe de prendre le contrôle intégral de l’établissement. Néanmoins, les dirigeants de Barclays semblent déterminés à acquérir une plus grande part du capital d’Absa, jugeant que la proportion réservée au BEE pourrait n’être que de l’ordre de 10 %.
Réservoir de clientèle
Car le groupe britannique le sait : c’est dans Absa et ses 11,5 millions de clients que réside la clé qui lui permettra de s’ouvrir à la croissance des autres marchés africains. Barclays projette de puiser dans la vaste clientèle corporate de l’établissement sud-africain pour proposer ses services, sous son propre nom, aux entreprises de la nation Arc-en-Ciel qui s’implantent dans d’autres pays.
Les dirigeants du groupe reconnaissent que la transformation des activités africaines de Barclays prendra du temps, mais, pour eux, le continent représente un enjeu stratégique à long terme. Selon Antony Jenkins, directeur de l’activité banque de détail de Barclays et membre du conseil d’administration d’Absa, la priorité reste pour l’instant le développement des activités existantes, en commençant par celles de banque commerciale et de banque de détail.
Mais attention, Barclays n’est pas seul à lorgner le continent depuis que le boom des matières premières en a fait un partenaire privilégié des économies asiatiques, dont la Chine. Sur la dernière décennie, le PIB africain a crû à un rythme moyen de 5 % par an, un taux deux fois supérieur à celui des économies développées. Un dynamisme qui ne manquera pas de susciter les appétits d’autres banques de stature internationale.
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